Le Monastère de Bouvines

Article du Bulletin paroissial paru en décembre 1999

Il est à Bouvines un monastère bien caché derrière de grands et beaux arbres : c’est le monastère du Cœur Immaculé de Marie. Quelle est son histoire ?

Remontons le cours de l’histoire l’espace de 130 ans…

En 1868, se marient deux jeunes gens, tous deux enfants uniques. Félix Dehau né en 1846 et Marie-Claire Lenglart née en 1849 : elle a 19 ans ce jour-là, précisément ! Ils sont lillois mais décident d’habiter la campagne ; de fait ils s’installent à Bouvines où la famille Dehau possède des terres depuis plusieurs générations et une maison qui servait jusque-là de résidence secondaire au père de Félix.

L’humiliation de 1870 leur donne à tous deux le désir d’une réponse à portée de leurs moyens : avoir une nombreuse famille.

Ils y réussissent pleinement : un premier fils, huit filles et un dernier fils leur feront la plus belle famille qui soit, surtout que le fils aîné entrera dans l’ordre de Saint Dominique et Claire sera Fille de la Charité. En 1872, Félix devient le plus jeune maire de France ; 16 ans plus tard, il est conseiller général du canton de Cysoing. Il est fort de convictions solides et précises, très influencé par la doctrine sociale de l’Église.

Il meurt en 1934, toujours maire de son village : ce qui en fait le doyen des maires de France avec un mandat long de 62 ans ! Le patrimoine est partagé entre les enfants, à Louise restée célibataire échoit la propriété de Bouvines. Songeant à l’avenir, Louise la propose à un ou l’autre de ses neveux qui refuse ; elle pense alors à la fondation d’un monastère. Nous sommes en 1945 et la famille souhaite exprimer ainsi la reconnaissance éprouvée à la suite de la Libération du Nord de la France.

Un premier ordre monastique est sollicité mais refuse ; l’ordre de Saint Dominique accepte. La première prieure est mère Cécile Philippe, petite-fille du patriarche. Pour l’organisation juridique de la propriété il a été décidé par Louise, la donatrice, un apport à la fondation Félix Dehau, alors sous la forme d’une société civile. Celle-ci est devenue l’association Félix Dehau, toujours propriétaire des lieux.

En 1958-59, les bâtiments existants sont agrandis : ils l’avaient été une première fois lorsqu’en 1868 les jeunes mariés, pleins de confiance en l’avenir, avaient élu domicile dans la résidence secondaire de leur père. Cette fois, on adapte la propriété aux besoins d’une communauté qui peut accueillir une trentaine de moniales. C’est avec l’architecte Joseph Philippe que sont édifiées la chapelle et l’aile des logements. (Cet architecte a oeuvré également à l’abbaye de Wisques, il est l’auteur de la Chapelle aux Arbres à Cysoing). Plus tard enfin, sont aménagées douze chambres dans les écuries de l’ancienne propriété pour l’accueil de retraitants ou de toutes personnes désirant vivre un ou plusieurs jours dans le silence et le recueillement.

Les moniales présentes à Bouvines sont contemplatives ; elles appartiennent au même ordre que les dominicains de l’avenue Salomon à Lille. Leur vie est fraternelle, avec une grande ouverture sur le monde ; le travail est de rigueur, il se fait en silence : « ce silence n’est pas vide, il est rempli de la présence de Dieu et d’une prière quasi continuelle pour le monde entier ».

Laissons-leur la parole : « Nous sommes actuellement dix-sept religieuses ; notre mission particulière au cœur de l’Église, et spécialement de l’Église locale, est la prière. Prière de louange et d’intercession, nous louons le Seigneur et nous lui présentons les besoins et les souffrances de tous les hommes, en particulier de ceux qui nous sont le plus proches et qui nous confient leurs intentions… »

La messe est quotidienne, ouverte à tous ; le dimanche, l’assistance est beaucoup plus nombreuse. Les liens sont nombreux avec le village de Bouvines (une sœur visite les malades ou les personnes âgées) et ceux de Cysoing et de Sainghin.

On nous dit que les grands arbres nous cachent, mais ils sont si beaux ! Que la plaque près de la grille au bord de la route n’est pas assez visible... mais si vous cherchez un tout petit peu, vous trouverez, nous sommes bien là, nous prions pour vous.

Que dire de plus ? Si vous aviez pu voir les sourires rayonnants de sœur Anne-Marie, la prieure, et de sœur Françoise, vous sauriez qu’un monde de foi et de beauté existe bien, à Bouvines.

                                                    Maylis Jeanson avec l’aide de sœur Anne-Marie.

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