Extraits chronologiques 1939 et 1940 (fin). |
Évacuation du 19 mai 1940. |
Dimanche 19 maiAussitôt je me mets en mesure de consommer toutes les Saintes espèces et de mettre en lieu sûr la plupart des vases sacrés. À 2h¼, M. le Maire, craignant que l'on fasse sauter le Pont-à-Tressin, me fait prévenir par le garde, et nous partons à travers le village presque désert jusqu'à Tressin. - La camionnette du tissage doit repérer les derniers vieillards ou impotents, ne recueille qu’un vieux ménage. Et le soir à 7h, nous quittons Tressin par auto et camionnette jusqu'à Haubourdin, lieu fixé pour la 1° étape. Il ne restera à Chéreng que 4 isolés. À Haubourdin, nous apprenons la mort subite d'un paroissien, Maurice Chantreau, déjà perdu de la tête, et tombé sur la route à Hellemmes. La camionnette charge tout ce qu'on peut de femmes avec petits enfants et d'impotents jusqu'à La Bassée où, après multiples détours et péripéties, nous arrivons vers 11 heures du soir. Nuit de tous dans une cave aménagée.
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Lundi 20 maiRencontre d'un bon nombre de paroissiens voyageant à pied et isolément, nous suivons la route de Béthune, nous croisons la paroisse de Petit-Baisieux avec son curé, et nous arrivons, avec une seule famille de Chéreng, à Beuvry-lez-Béthune, où nous passons la nuit dans une salle de classe de l'école libre. M. le Doyen me reçoit au presbytère.
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Mardi 21 maiDépart de grand matin vers St Pol. Nous croisons vers midi la paroisse de Tressin avec son curé. Dès le début de l'après-midi, nous rejoignons quelques chariots, voitures, cyclistes et piétons représentant environ 150 paroissiens de Chéreng. Le soulagement de ces gens est visible, c'est presque de la joie sur le chemin de l'exil, et nous promettons mutuellement de ne plus nous quitter. Comme il nous est impossible de continuer sur St Pol, nous prenons le parti de passer la nuit à Houdain, et nous recevons l'hospitalité de quelques braves femmes dans une cité minière (les hommes sont encore au travail à la mine). Vers 6h¼, des avions survolent, des bombes tombent et éclatent au milieu de cette population inoffensive qui a évacué et qui est venue au-devant du feu et de la mort. Le 1° tué de Chéreng : Achille Poulain, enseveli sous les décombres d'un mur et d'un toit qui s'écroulent et au pied duquel il a cru s'abriter. On ne retrouvera son cadavre que le dimanche suivant 26 mai, quand on opérera le déblaiement à la suite d'un orage. Le 2° : Lucie Desplanques, au cours de l'accomplissement de son devoir maternel, préparant le lit de ses 3 filles en bas âge, frappée à mort : je lui donne l'absolution, et dans la soirée elle sera transportée à l'abri des Mines de Bruay, où elle doit décéder le lendemain mercredi 22 vers 11h du matin, sans avoir jamais repris connaissance. On me cherche pour des tués et des mourants à qui je donne l'absolution. On m'amène encore une blessée de Chéreng, d'autres et d'autres. La nuit se passe au transport des blessés à la clinique de Bruay par le service d'ambulance, et les 2 blessés de notre groupe nous rejoignent après pansement. Un 3° restera à la clinique pour énucléation d'un œil.
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Mercredi 22 maiDe bon matin, nous nous décidons à rebrousser chemin par Bruay : aucun incident sur la route, nous nous garons aux passages d'avions, et nous arrivons dans la matinée à Lapugnoy : nous y passons l'après-midi et la nuit, les uns dans un bois, les autres dans une minoterie.
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Jeudi 23 maiPartis le matin dans la direction de Béthune, nous sommes forcés de changer de route et nous arrivons dans l'après-midi à Lillers. Là, nous retrouvons encore quelques familles de Chéreng, nous sommes alors environ 170. Nous nous logeons de ci de là dans des maisons abandonnées.
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Vendredi 24 maiSéjour à Lillers : nous nous informons à la Mairie de l'itinéraire à prendre, et nous sommes décidés à partir le lendemain, en même temps que 120 de Chéreng réfugiés dans une ferme d'Hurionville, hameau de Lillers. Une paroissienne, tombée très malade dans l'après-midi, reçoit l'absolution. Un médecin la traite énergiquement et renouvelle en même temps le pansement de nos deux blessées.
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Samedi 25 maiDépart le matin. Arrêt à la sortie de Lillers, attendant vainement ceux d'Hurionville : ils ont appris, comme nous quelque temps après, que le 1° village de l'itinéraire donné est en feu. Pendant cet arrêt, nous rejoint Jean Vandenbussche, époux de Lucie Desplanques : je lui annonce l'endroit où nous avons laissé sa femme très gravement blessée : il reste avec ses enfants et ne nous quittera plus. Nous faisons demi-tour. Les voitures et les chevaux seront hébergés à la ferme d'Hurionville, où il y a de vastes abris et de grandes pâtures. Les uns restent à Lillers à leur logement de la veille ou trouvent un logement un peu plus confortable. Je pars avec plusieurs dans 2 fermes d'Hurionville, à 2 kilomètres de Lillers. Nous resterons groupés à environ 300 de Chéreng. Je m'informe de l'église la plus proche, et j'annonce pour le lendemain les heures des messes à Burbure.
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Dimanche 26 maiDimanche de la Fête-Dieu. Pas de procession ! Messe à Burbure : beaucoup y assistent. Séjour.
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Mercredi 29 maiJean Vandenbussche part à Bruay et découvre la mort et la tombe de sa femme. Il apprend aussi la découverte du corps d'Achille Poulain, et à son retour, j'annonce la mort et les circonstances à sa femme et à ses enfants. Pendant le séjour à Hurionville, je baptise à la ferme une petite paroissienne, Nicole Couque[1], née le jeudi précédent dans le fournil. En cours de route, j'avais baptisé une petite évacuée. |
Vendredi 31 maiFête du Sacré-Cœur. Messe à l'église de Burbure. Quelques communions. Consécration au Sacré-Cœur, dans la grange.
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Dimanche 2 juinMesse à Burbure. De même le lundi et le mardi. Une partie de Chéreng prend le chemin du retour. Nous restons 150.
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Mercredi 5 juinRetour jusqu'à La Bassée : nous logeons à l'Hospice. Que de ruines et de morts !
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Jeudi 6 juinDernière étape de La Bassée à Chéreng : beaucoup sont déjà rentrés. Visite à un malade qui mourra cette nuit et qui a été confessé au Marais de Lomme. Confession et extrême-onction à un blessé de bombe à Béthune et qui mourra aussi dans la nuit. Au Presbytère : Comme dans beaucoup de maisons, pillage et désordre inouï. On a volé tout le vin de messe, sauf 2 bouteilles qu'un voisin a sauvées en même temps que beaucoup de matériel de la sacristie avec les chapes. À l'église : Remplie de paille, on y a logé des prisonniers français dont des blessés. De la caisse des Mères chrétiennes, on a volé environ 33 frs. Le coffre-fort au Presbytère n'a pas pu être forcé, on a essayé : tout est en ordre avec les vases sacrés. Le clerc, dès son retour, a sauvé chez lui pas mal de choses. Une tenture blanche du dôme a disparu, ainsi qu'une oriflamme bleue du Mois de Marie, la relique de St Antoine et une autre relique : on a laissé les reliquaires. Je me mets en quête de vin de messe : le ravitaillement se fera difficilement, mais il n'en a plus manqué.
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Vendredi 7 juin1° vendredi du mois. Pas de messe. On m'annonce les 2 morts. Comme on a constitué une commission municipale provisoire qui disparaîtra à mesure du retour des conseillers, je m'adresse au président pour qu'il demande au commandant si on peut enlever la paille de l'église : il consent à débarrasser la grande nef, mais la paille doit rester dans les petites nefs.
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Samedi 8 juinJe demande quelques bonnes volontés : la grande nef est nettoyée, le chœur et l'autel seront convenables, 2 jeunes filles dévouées mettent même quelques fleurs pour le lendemain dimanche. Par mesure de sécurité (il manque un carreau à la sacristie) et de convenance, le St Sacrement ne résidera pas à l'église pendant quelque temps. Dès demain, et chaque jour, je consacrerai le nombre de petites hosties nécessaire pour les personnes qui m'auront averti avant la messe qu'elles désirent communier. Le commandant autorise une sonnerie de 2 minutes ! pour les enterrements. Donc toute sonnerie sera supprimée jusqu'à la liberté la plus complète. J'affiche à la craie sur le portail les heures de messes du dimanche.
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Dimanche 9 juinMesse basse à 7h¼ avec quelques communions. À 10h, messe basse avec chants du Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei, Domine salvam fac republicam… Après les annonces, recommandation des victimes de l'évacuation de la liste ci-contre : 1, 2, 3, 6 et 7. Pas de quête - Pas de Vêpres.
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Lundi 10 juinComme je l'ai annoncé hier, à 8h¼, reprise des classes de l'école libre pour les filles et la classe enfantine. Les enfants de l'école officielle des filles peuvent venir en classe à l'école libre et pourront ensuite retourner à l'école officielle quand on y reprendra les classes ; quelques-unes sont venues, peu de celles qui ne sont plus évacuées ne sont pas venues ; celles qui préparent le certificat officiel sont présentes dès le lundi matin. À 9h, service commun de Victor Liétard, blessé mortellement par bombe à Béthune et décédé à Chéreng vendredi dernier et de François Meunier. Tous les enfants de chœur rentrés, ils sont 9, assistent à ce double service : on ne chante pas d'office. Au cimetière sans chape et double conduite. On ira désormais par le Tuquet. Dans le courant de la semaine, commence sur la grand-route le passage de colonnes de prisonniers. La population se porte sur leur passage avec vivres et boissons. Cette distribution est laissée d'abord à l'initiative de chacun ; mais bientôt se forme une sorte de comité de quelques femmes et jeunes filles : on passe à domicile avec de grands paniers, on recueille pains, beurre, œufs, conserves, légumes, confitures et argent : toute la journée, on prépare des tartines garnies, on fait de la soupe et l'on se rend chaque fois à une pâture de Sin où se fera régulièrement la halte. Une quête faite le dimanche 23 à la sortie des messes rapporte un petit millier de francs pour donner spécialement des boîtes de conserves.
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Samedi 15 juinÀ 9h, service commun de Cécile Demouveaux trouvée morte le matin du 12 dans son lit, et de Jean Baptiste Noé décédé sur la route le même jour en rentrant d'évacuation. Service comme celui de lundi. Tous les enfants de chœur. Pendant l'occupation ennemie, on ne porte plus aux services aucune bannière de confrérie.
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Dimanche 16 juinC'était ordinairement la fête de l'Adoration du Très Saint Sacrement. On ne peut rien faire cette année. La paille est encore dans l'église. Deux messes comme le dimanche précédent. J'annonce que les troncs de St Antoine et de l'église sont disponibles. Recommandation des victimes de l'évacuation : 1, 2, 3, 6, 7, 9, 10. 20 juin, jeudi : À 8h¼, Service (de 3° classe, sans office) d'une femme de Tournai tuée en cours d'évacuation et enterrée provisoirement dans la pâture Vanveuren à l'Autour. La famille la fait inhumer provisoirement au cimetière de Chéreng. Tous les enfants de chœur y assistent (victime de bombardement). |
Dimanche 23 juinMesses comme les dimanches précédents. Recommandation des victimes de l'évacuation : les 10. M. Leuridan, adjoint au maire, est rentré d'évacuation, et prend la direction de la commune : d'accord avec lui, je demande que le lendemain lundi à 8h : hommes, jeunes gens, femmes et jeunes filles de bonne volonté viennent enlever la paille, lavent l'église et la remettent en état.
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Dimanche 30 juinLe Saint Sacrement est remis au tabernacle. Messe basse et Grand-messe. Vêpres avec Salut de clôture du Mois du Sacré-Cœur : c'est le seul exercice public du Mois du Sacré-Cœur. Tous les troncs redeviennent disponibles. Les communions reprennent comme de coutume. Dès le lundi 1° juillet : Reprise de tous les catéchismes. 5 juillet, 1° vendredi du mois. Désormais au maître-autel : 6h du soir à 7h : Heure Sainte = un 1° chapelet à 6h, ¼ de méditation privée, 6h¼ un 2° chapelet et Salut.
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Lundi 8 juilletNous avons suivi jusqu'alors l'heure d'été française. Mais comme la classe doit être faite à l'heure allemande dans les écoles officielles, nous prendrons pour tout l'heure d'été du clocher : messes, offices, enterrements, catéchismes et écoles. La communion en semaine sera donnée avant la messe et pendant la messe - Le dimanche à partir de 7 heures.
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Dimanche 14 juilletÀ 2h¼, vêpres des morts pour les 10 victimes de l'évacuation. Offrande au Magnificat. Absoute sur petit catafalque recouvert du drapeau national dans le chœur. Avant les vêpres, 2 dizaines de chapelet et recommandation des 10 victimes. Les familles et les paroissiens sont venus en grand nombre à cette prière solennelle en ce jour de fête nationale !?
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Jeudi 18 juillet9h : Service commun de 2 morts de l'évacuation dont on a pu ramener les corps : Charles Ponset (qui doit être inhumé à Chéreng, car les 2 fils orphelins habitent chez la grand-mère) décédé à l'hospice de Desvres (Pas-de-Calais) le 25 mai, victime de bombardement - et Marie Minet, morte usée de vieillesse le 9 juin à St Pol (Pas-de-Calais). Les corps ont été amenés directement à l'église. Pas d'office. Tous les enfants de chœur.
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Mardi 16 juilletFête de Notre-Dame du Mont-Carmel, le soir à 6h¼, chapelet et Salut en l'honneur de la Ste Vierge pour les soldats de la paroisse (dont on est sans nouvelles de beaucoup).
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Mercredi 17 juilletUn enterrement ayant lieu dans la paroisse, le corps a été mis dans le chœur. On a repris le chant des offices, et le vendredi 19, un Service de 3° classe avec office. Un homme mort subitement.
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Mois d'aoûtLes classes continuent dans toutes les écoles, mais au ralenti. Les catéchismes ont lieu à 8h¼, sauf les jours d'enterrement. Ils auront lieu désormais ¼ heure avant l'heure de commencement de la classe, heure qui variera avec les saisons, en raison de l'obscurité matinale.
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15 août = AssomptionAprès la grand-messe, Procession à l'intérieur de l'église : on n'y porte que la statue de la Ste Vierge, elle est mise dans le chœur et portée par 4 jeunes filles en voile blanc. On chante les litanies de la Ste Vierge. Bien des larmes coulent au spectacle de cette restriction. Les sonneries de 2 cloches reprennent sur avis de M. Leuridan. La grosse cloche immobilisée pour le tocsin en cas d'alerte restera muette encore longtemps, par prudence… et malgré la sirène de la mairie.
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Samedi 24 août7h½ du soir = Veillée religieuse de la L.O.C. et ouverture du triduum à Notre-Dame de Lourdes, remplaçant la neuvaine annuelle pendant le pèlerinage diocésain, lequel reprendra quand le bon Dieu le voudra.
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Dimanche 25 août7h½ messe dialoguée de la L.O.C. avec communion générale. - 2h½ Chapelet et Salut à la grotte.
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Lundi 26 et mardi 27 aoûtChapelet et Salut à la grotte pour les soldats = Communions assez nombreuses les 3 jours, mais surtout le dimanche.
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Mois de septembreLe pèlerinage annuel de St Leu n'amènera qu’un très petit nombre d'étrangers, comme déjà l'an dernier. Comme on travaille partout, dès le dimanche 1° septembre, le Salut est chanté en l'honneur de St Leu, et je donne les évangiles après le Salut. Le lundi 2, la messe est à 9 heures avec Évangiles comme de coutume, les enfants de l'école y assistent et la classe commence après la messe. Reprise le dimanche après les vêpres du catéchisme de persévérance, et le 2° dimanche, de la Réunion des enfants de Marie et de la Congrégation des Saints Anges. Triduum en l'honneur de St Michel = jeudi 26, vendredi 27, Chapelet et Salut. dimanche 29 = Salut après les vêpres. Chant d'un cantique à St Michel par les jeunes filles. Lundi 30 = Classes aux heures ordinaires, Messe du St Esprit le mercredi 2.
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Octobre : Mois du St Rosaire.Comme l'an dernier, le soir à 6h½, Chapelet et Salut. Le dimanche 6 : Procession, à 2h½, à l'intérieur de l'église avec les groupes ordinaires. J'invite les mamans à venir présenter leurs petits enfants à la Ste Vierge, et après le Salut, il y a offrande (pour l'école libre, comme la quête de ce dimanche). Pendant l'offrande, cantique du Rosaire par les jeunes filles. Mères chrétiennes = Il ne peut plus être question de tombola pour le moment. La messe mensuelle avec Instruction reprend le mercredi 9 octobre. On continue les tickets de présence après chaque messe. À partir du lundi 28 octobre, la messe de semaine a lieu à 8h. Les catéchismes ont lieu à 9h (les classe commençant à 9h½). Les dimanches et fêtes, messe basse à 8h.
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NovembreLes dimanches de Novembre : Vêpres des morts ou chemin de Croix pour les morts. 1° semaine = Tous les soirs = Chapelet et Salut pour les morts. 2° semaine = Triduum = Chapelet et Salut pour les morts. 3° semaine = Le 21, Présentation de la Ste Vierge = pour les prisonniers.
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14 novembre = Grande tempête.14 novembre 1940 = Grosse tempête qui a causé bien des dégâts à l'église. Plusieurs vitraux sont fort endommagés. La toiture, déjà en mauvais état, est très délabrée. Après quelque hésitation et beaucoup de retards en raison de la rareté des marchandises et de la difficulté des transports, grâce au dévouement de M. Leuridan, adjoint au maire, qui reçoit ici nos remerciements et nos félicitations, une moitié de la toiture est remise complètement à neuf, les vitraux sont réparés, le côté de l'église non réparé sera recouvert de carton bitumé en attendant les ardoises, et le plafond intérieur sera libéré de l'ancien plâtras en ruine et dangereux pour être revêtu de carton propre. Par l'humidité, plusieurs lampes électriques sont inutilisables, on doit établir une ligne secondaire sur prise de courant. Le tout est rapproprié provisoirement à la chaux, intérieur et extérieur. Malheureusement, la tuyauterie extérieure fait encore défaut, et le recouvrement en carton bitumé laisse encore passer les grosses pluies en maints endroits. Les ardoises du côté terminé sont très bonnes et le travail a été fait très sérieusement. Les ardoises arrivées pour l'autre côté sont de qualité très inférieure. Que fera-t-on ? Entre temps, le mur de clôture face au Presbytère a été abattu. Le plan est de continuer la grille qui renferme le jardinet du monument de M. Clotaire Duquennoy. Conséquence : L'autel du Sacré-Cœur, étant dans une humidité continue, est inutilisable pour un temps. D'ailleurs, tout ce qui servait à l'aménagement et à la décoration de cet autel a été pillé et volé à l'évacuation. Le reposoir du jeudi Saint se fait comme autrefois à l'autel de St Vaast, ce qui permet une procession du demi-tour de l'église avec le concours des croisées.
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Croisade eucharistiqueUn moment en sommeil avec très peu de croisées, elle a repris vigueur dès l'hiver de 1940 avec Mlle ML Lepers comme zélatrice. Bientôt s'est adjoint un groupe de croisillons filles avec Mlle Marcelle Carette. Enfin un 3° groupe de toutes petites avec Mlle Madeleine Lepers.
Les paroissiens évacués sont presque tous rentrés. Des soldats reviennent, soit démobilisés, soit prisonniers en congé de captivité. D'autres prisonniers reviendront petit à petit, libérés…
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DécembreDu 1° au 9 décembre = Neuvaine de l'Immaculée Conception. Salut tous les soirs avec récitation du chapelet. Tous les mois, au moins un dimanche, à 2h¼, Chapelet et Salut pour les prisonniers, se terminant par un cantique approprié composé par M. le chanoine Delsaux.
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NoëlPar autorisation spéciale du Souverain Pontife, la messe de la nuit peut être chantée le 24 vers 5h du soir. Les fidèles peuvent y communier, à condition d'être à jeun depuis une heure de l'après-midi. Cette messe a été très suivie avec très nombreuses communions. Le 25, je n'ai donné la communion que pendant la messe de l'aurore à 8h = Communions encore nombreuses.
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Dimanche 29 décembreÀ 2h¼ = Exercice de la Bonne Mort, chant du De Profundis pour les morts de l'année, Salut de pénitence (Parce, Domine) et d'action de grâces (Magnificat).
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[1] L’acte établi sur une feuille de carnet, qui fait partie des archives en vrac, porte : « Le 26 mai 1940, je, Édouard Fournier, curé de Chéreng, Lille, ai baptisé (dans une ferme en évacuation) Léocadie Nicole Couque, né le 24 mai à Lillers (Hurionville), Arras, de Aristide et de Simone Deffrenne, mariés à Chéreng, domiciliés à Chéreng (Pont). Parrain : Alfred Pontdeville. Marraine : Solange Deffrenne. (Signatures) Acte transcrit au registre. Enfant présentée à l’église de Chéreng le 6 juillet. »
Paix à tous ceux qui vont voir cette lettre, salut dans le Seigneur. Alors que N… est sur le point de partir vers des régions lointaines, je lui confie volontiers cette lettre de recommandation. J’ai confiance que ce voyageur, fils de notre Mère la Sainte Église et mon ami très cher dans le Christ, est digne de toute bienveillance. |