Chapelles et calvaires à Gruson

Article paru au Bulletin paroissial en septembre 2001

Cette ravissante commune invite à la promenade et recèle bien des trésors, visibles ou cachés. La géographie locale est aux antipodes du "plat pays", chaque tournant révèle de délicieux aperçus, l'inattendu surgit là où ne l'attendait pas. Les habitations sont variées dans le respect du matériau local, les jardins naturels avec art. Le passé se montre généreusement et l'actuel a sa place sans outrecuidance. Laissons la gourmandise du regard guider nos pas....

Partons de l'église. En 1420 est bâti un édifice, sans doute de petite taille, en briques avec voûte de bois qui sera démoli en 1881 à l'exception du clocher. L'architecte roubaisien Paul Destombes est chargé de reconstruire une plus grande église qui devait coûter 25000 francs. Le 26 août 1888 a lieu la consécration. Quelques marches donnent accès au temple et au cimetière qui l'entoure encore.

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Une chapelle attire l'attention : c'est là que repose Monseigneur Baunard, né en 1828 à Bellegarde, ordonné prêtre en 1852, camérier en 1883, chanoine d'honneur de la cathédrale d'Orléans en 1895, il se retire à Gruson en 1902. Homme de lettres au grand cœur, il a écrit son amour pour Gruson :(Voir dans l'Histoire de Gruson)

La chapelle est habillée de pierre de Soignies et deux oculi tréflés s'illuminent de jolis vitraux aux armes de Monseigneur. Hélas, la chapelle est en mauvais état, un périmètre de sécurité a été aménagé autour : on cherche comment la restaurer.

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Rejoignons la rue principale qui porte le nom douloureusement célèbre de Verdun. Au N° 4 bis ou 6, une niche vide attend son hôte. Au N° 12, la maison est de 1785 et arbore dans une fenêtre murée une grande statue de St Joseph : il a les pieds sur un socle et la tête sous un dais.

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A côté, le N° 14 est aussi une maison de briques mais blanchies : une haute niche ourlée de briques rouges abrite une Vierge à l'Enfant trapue ; l'ancienne école N.D. de Visitation a cédé la place au corps médical, le toit a retrouvé ses pannes et son noble brisis.

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Du 14 nous passons au 21 : cette fois c'est une chapelle, une vraie, douillettement insérée dans un corps de ferme : entre deux grandes portes de hangar, sous un petit lambrequin de bois découpé, voici le Sacré-Cœur face au débouché de la rue Neuve. Elle serait de 1932, objet d'un vœu fait durant la guerre 14-18.

 

Poursuivant la rue de Verdun, nous sommes maintenant au N° 29 : sur le mur fleuri de roses, une Vierge assise, pyramide de tendresse toute blanche. Et au N° 60 nous trouvons la très belle ferme Despatures (autrefois du Coulombier) dont le vaste quadrilatère est cerné de bâtiments d'âges variés: le colombier est daté 1688, la bergerie 1764, la grange 1767. La porte cochère de cette ferme seigneuriale affiche des armes losangées (celles d'une demoiselle ou d'une veuve), et la date 1760.

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A côté, une niche allongée surmontée d'une croix abrite un saint personnage : la rue de Verdun est bien gardée ! Si nous contournons la ferme, nous prenons la direction de Bouvines en quittant les doux vallonnements pour le plateau d'où la vue s'étend presque à l'infini.

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Mais nous bifurquons dans la rue Neuve. Au N° 55, une niche et sa statue sur son pignon enrobé de clématite, au sol, un support de quelques pierres blanches empilées, un chapiteau, une urne de fonte : tout un décor sensible. De l'autre côté de la rue, une belle surprise nous attend au N° 34 : est-ce une niche ou une chapelle ? Ce fut une chapelle, bien connue des villageois qui venaient y prier Notre-Dame des Victoires. Un texte le dit clairement :

« La chapelle N.D. des Victoires fut élevée par Mademoiselle Victoire Dutilleul en témoignage de reconnaissance, au retour de ses neveux soldats durant la guerre franco-allemande. La statue a été restaurée par la famille Thibaut-Deleplanque et bénite le 7 octobre 1984 par l'abbé Roger Catelain curé de Gruson. »

La chapelle fut édifiée en 1873, elle était de grande taille mais aujourd'hui c'est une niche aux lignes pures sous un haut toit d'ardoises qui a aussi le mérite d'intégrer, dans le même alignement, de discrets compteurs... Il y a derrière cet ensemble, une pensée forte, élégante, respectueuse de la tradition familiale.

La rue du Château se jette dans la rue Neuve : à l'angle saluons un grand absent, le calvaire le plus ancien de la commune dont tout le monde espère le retour prochain. Lors d'un élagage, une branche tomba et le calvaire fut brisé en plusieurs morceaux. Cette croix de grès se trouvait à l'origine à un carrefour de rues, à Cysoing, près de l'abbaye.  Paul Delsalle, secrétaire de la Société Historique et Archéologique de Cysoing et de la Pévèle, dans un article du 14 avril 1974, écrit :

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« La croix de pierre, fort régulière et naïve, est taillée dans un matériau régional ; à la Révolution, après 1795, l'abbaye servit de carrière de pierres et le calvaire voisin fut emporté à Gruson ainsi qu'une multitude de jolies pierres, encore visibles dans la même propriété. »

Aux dernières nouvelles, la croix est réparée et devrait être dressée à nouveau à cet angle de rues, gardée par une haie qui s'incurve pour permettre le regard et, peut-être, la prière. La rue du Château y mène, à cette propriété, qui se présente sous la forme d'une ferme ancienne : la Métairie de Landas. Deux corps de bâtiments à pas de moineaux encadrent la porte d'entrée, assurant une ombre protectrice à la grande niche vitrée habitée d'une Vierge hanchée assez belle pour avoir été copiée de l'un des chefs d’œuvre du Louvre ; un socle rocaille, une gloire, la colombe de l'Esprit l'accompagnent : quel ensemble !

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Redescendons de notre acropole, nous arrivons à une ferme 10 rue du Maréchal Leclerc : c'est encore un pignon de ferme avec sa niche et sa croix, protection assurée.

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Et tout près, au carrefour qui ouvre le village aux visiteurs, un calvaire précédé d'une volée de 8 marches ; devant la croix, un autel. Le Christ, sur sa croix, est en bois peint et repeint avec amour. Ce calvaire se trouvait, à l'origine, de l'autre côté de la rue de Verdun, là où se trouvent l'école et le parking ; c'est en 1957 que s'est opéré ce petit déménagement qui a le mérite d'adosser le calvaire à une végétation fournie : son emplacement est idéal.

Voilà Gruson, et encore rien n'a été dit sur la beauté des fermes et des maisons ! Alors, allez combler cette lacune en choisissant ce village comme but de promenade : vous passerez un bien beau moment.

                                                                                        Maylis Jeanson

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