Le petit patrimoine religieux de Chéreng

Article du Bulletin paroissial paru en août 2000

Très ancienne commune, Chéreng s'enorgueillit de son église dont les fonts baptismaux romans sont justement célèbres.

Plusieurs quartiers s'articulent autour d'axes de circulation dont le principal est l'ancienne route nationale de Lille à Tournai, antique voie de pèlerinages, communication avec le Hainaut dont Tournai est un des principaux centres historiques.

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A l'ouest de l'agglomération, le quartier du Pont dont le nom seul évoque la Marque, frontière d'avec les communes voisines et qui, là, coule approximativement du Nord au Sud. Pas de chapelle dans ce quartier. Plus au Sud, l'Autour avec la chapelle à N.D. du monde entier. Au carrefour de l'axe Nord-Sud qui descend vers Gruson, se trouve le calvaire.

A partir de là, l'ancien chemin de Bourghelles (qui passe par le lieu-dit l'Arbre, commune de Cysoing), était ponctué par une chapelle aujourd'hui réduite à un petit tas de briques enfoui sous les orties ; elle avait été érigée par un maire de la commune, M. Bouchery et bénie le 13 août 1843 par le curé Leroy. Elle figure encore sur un cadastre de 1906. Tout à côté, passe l'A 27 vers Tournai et Bruxelles dont le tracé est quasi parallèle à l'ancienne nationale évoquée plus haut devenue la Départementale 941.

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Remontant vers le Nord, après avoir traversé l'autoroute et la grand-route, on atteint le centre du village que domine l'église : ce sont la Place et la Placette. De là, si on choisit d'aller vers le Nord-Est, c'est le quartier du Maréquêt, (ou Maréquaix, ou Maraisquaix) dont la chapelle est bien modeste. Si on va vers le Nord, on se dirige vers Willems par le quartier du Triez (Trie sur certaines cartes). Là aussi se trouve une chapelle, elle est à la Sainte Famille.

Enfin, de retour vers le centre, en face de la mairie-bureau de poste, se trouve la chapelle de N.D. de Bon Secours.

Chaque quartier, sauf celui du Pont, a donc sa chapelle, N.D. de Bon Secours ayant donné son nom au groupe d'habitations qui l'entoure.

Les processions allaient de l'une à l'autre sans omettre le calvaire et en plus, s'arrêtaient à des reposoirs, dont l'un des plus beaux était dans le quartier du Pont. A défaut de chapelle en cette extrémité du village, Monsieur Stratsmains déployait zèle et imagination pour le reposoir qui marquait le point extrême du circuit. Un autre reposoir était, sur la grand-route, au château de Montreul ; lequel possédait sa chapelle privée ; mais le reposoir était-il à la chapelle ou à l'entrée de la magnifique drève bordée de hêtres pourpres ?

Enfin il se faisait un reposoir au "château" de M. P. Lepers que sa position au centre du village signalait à l'attention des fidèles : il était toujours particulièrement soigné.

C'était l'époque où l'on processionnait à l'occasion des Rogations, de la Fête-Dieu, du 15 août... Si les circonstances ou le temps n'y étaient pas favorables, on se contentait d'aller au calvaire ; et sous l'occupation, il est arrivé que l'on ne fasse que le tour de la place !

Reprenons ces édifices, que complètent 5 niches :

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68 rue du Maréchal Leclerc et 24 rue Béarez, toutes deux au Sacré-cœur ;

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7 rue Ochin et 68 rue du Maréquaix, à la Vierge ;

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et enfin une vide : 47 rue du Maréchal Leclerc.

Le calvaire se rencontre dans les textes d'archives sous le nom de calvaire Duquennoy. Il fut édifié par Jules-Clotaire Duquennoy vers 1848. Ce personnage de la vie chérengeoise était né en 1824 et fut maire de 1854 à sa mort le 27 janvier 1910. Une coupure de presse (Nord-Eclair du 12 août 1976) affirme que le calvaire occupe l'emplacement d'une chapelle à la Vierge profanée à la Révolution. Le Christ en bois aurait été sculpté par un sculpteur-amateur de Sin (hameau de la commune voisine de Baisieux) dans un tronc d'arbre offert par Nicolas Rouzé.

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Ce Christ est abrité maintenant dans le chœur de l'église paroissiale où il a été béni le 11 juillet 1976 par Mgr Adrien Gand ; il avait été auparavant restauré par Jules Ochin. Le visage est d'une facture différente du corps : sa beauté fait se poser la question de son âge et de son origine : "on dit" qu'il serait très ancien, voire de la fin du moyen-âge, mais faut-il croire les "on-dit" ? Il n'est ni inscrit ni classé.

L'édifice qui l'abritait depuis 1848 était une construction de briques chaulées et d'ardoises, aux angles biaisés qui se tenait en haut de 9 marches de briques mises de champ, orientée vers le Sud-Ouest. C'était un calvaire tout à fait traditionnel et d'une grande élégance comme le montre la sensible aquarelle de M. E. Lesage réalisée en août 1953. En 1867, il fut doté d'une marquise.

L'aménagement du carrefour a amené sa démolition ; il est remplacé par un assemblage fait d'une croix en métal ajouré posée sur une sphère, le tout sur une haute stèle de briques à demi ceinturée d'un mur de grès. Un beau fond de verdure l'accompagne : c'est une composition de l'architecte Neveux qui n'a pas la présence de l'ancien calvaire.

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Au 59 de la route nationale, la chapelle de N.D. de Bon Secours est ravissante ; c'est aussi, semble-t-il, la plus ancienne du village. Elle avait, jusqu'il y a peu, gardé sa statue d'origine animée d'un souffle baroque qui dénotait le XVIIIèmesiècle.

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Hélas, elle a été volée ; une autre Vierge a pris sa place, qui n'est que de plâtre mais dont les couleurs se marient à la perfection à celle des fleurs. Si la statue volée était bien d'origine, on peut donner deux siècles à la chapelle.

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Nous voici 15 rue du Maréchal Leclerc, à la chapelle du Triez. Elle était aussi appelée chapelle Mordacq, du nom de son constructeur qui habitait juste derrière. C'est un ravissant ensemble que la maison basse aux boiseries blanches, le jardinet fleuri et la chapelle à demi-ensevelie sous la glycine ; l'imposte rayonnante ajoute à la beauté du petit édifice.

Louis Mordacq, qui décède le 8 juin 1915 est dit propriétaire-rentier à partir de 1886 ; 4 ans plus tôt, il est devenu marguillier. Durant de nombreuses années il a été conseiller municipal ; cultivateur, c'est sans doute une personnalité en vue à Chéreng. Le 26 août 1909, il rédige son testament dont une clause stipule que « la chapelle étant près de la maison du testateur doit exister à perpétuité toujours garnie et en bon état ; l'accès doit être laissé au clergé du culte catholique autant de fois que le clergé le voudra pour la procession ou pour tout autre usage. La faculté de toujours réclamer ce droit est donné à Monsieur le curé de la paroisse de Chéreng. »

Un autre document manuscrit, sans date, précise : « Mordacq lègue 6.500 francs au bureau de bienfaisance à la condition que soit faite chaque année une distribution de pain aux pauvres. Que soit versée annuellement la somme de 50 francs au propriétaire de sa maison qui a charge d'entretenir la chapelle. »(Cette clause est-elle remplie ?)

L'autel habillé de marbre blanc porte les statues de Marie, du Sacré-cœur et de St Joseph. Sur le côté se trouve une grande statue de N.D. du Sacré-cœur entourée d'une guirlande de roses électriques. Cette statue fut offerte à l'église par Madame Thieffry-Stien : le curé Flajollet ne jugea pas à propos de l'y laisser et la déposa à la chapelle où elle se trouve toujours.

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Le quartier de l'Autour a sa chapelle : elle est rue Arthur Béarez ; elle aurait été construite en 1877 en même temps que la ferme qui appartenait à Monsieur Derreli. Elle était dédiée à N.D. de Lourdes mais l'abbé Flajollet -toujours lui- qui fut curé de la paroisse de 1945 à 1975 préféra le vocable de N.D. du monde entier.

La ferme aurait été rachetée par la famille Lepers, ce qui fait que la chapelle appartient désormais à l'usine Duquennoy-Lepers ; des bâtiments proches ont été démolis, la chapelle domine maintenant un parking de voitures auxquelles elle tourne le dos : elle montre de jolis rideaux et un intérieur soigné où brûlent parfois des cierges venus de Belgique.

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La chapelle de la rue du Maréquaix a été construite sur un terrain qui appartenait à Jean Derache.

On ne possède pas d'indication de date mais les uns la disent dédiée à N.D. des Victoires, d'autres à N.D. des Sept Douleurs : deux dédicaces qui peuvent militer pour une certaine ancienneté. Son abandon fait peine à voir, elle est vide, les statues qui la meublaient se trouvent chez une habitante de la rue ; elle fut longtemps entretenue par des habitants du quartier : on dit qu'un ancien curé de la paroisse leur aurait dit de la laisser en l'état : faut-il croire aussi cet "on-dit" là ?

Le château de Montreul fut vendu en 1974 à la fédération des organisations sociales des PTT du département du Nord. Le grand corps de bâtiment a été édifié en 1783 et, de part et d'autre, deux petits pavillons carrés semblables constituaient, l'un la glacière, l'autre la chapelle, celle-ci reconnaissable à la croix de fer forgé qui somme la toiture d'ardoises à quatre pentes et à la cloche fixée au côté. A l'intérieur, plus rien ne signale que ce fut un lieu de piété. L'acte de vente de 1974 précise que l'autel de la chapelle du château ainsi que tout ce qui garnit l'autel est formellement exclus de la vente, la propriété de ces biens ayant été réservée par Madame Le Hardy du Marais, douairière de Coussemaker, précédente propriétaire des lieux. La chapelle abritait une châsse contenant l'effigie en cire d'un adolescent qui serait St Léonce. L'autel et la châsse ont été transportés dans la crypte de la cathédrale de Lille.

 

Cette énumération des lieux de dévotion de Chéreng est sans doute incomplète : elle n'aurait pas été possible cependant sans un ouvrage rassemblant des extraits des archives de la paroisse de Chéreng et qui est l’œuvre de l'abbé Claude Villette ; sans l'apport des éléments figurant dans la série 7 L 72 aux archives diocésaines, aimablement communiqués par le chanoine Roger Derreumaux que nous remercions chaleureusement ; sans l'ouvrage de Bernard Coussée : "Le château de Montreul et le relais de poste la Hamaide à Chéreng" publié par la fédération des organisations sociales des PTT du département du Nord. Les annuaires Ravet-Anceau, les archives départementales, des articles de la presse régionale ont également contribué à la documentation de ces quelques notes.

A Chéreng même, Madame Delannoy, Madame Odile Noé-Lepers ont battu le rappel de leurs souvenirs ou de leurs connaissances du passé de leur commune : qu'elles en soient vivement remerciées.

                                                           Maylis Jeanson

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