Extraits chronologiques 1897 à 1901.

Arrivée de l'abbé Jules VEYS

Le 28 juillet 1897, Monsieur l'abbé Jules Veÿs, ex-curé de Saint Vaast, Cambrésis, nommé Curé de Chéreng, prend possession de son poste, devenu vacant par la nomination de M. l'abbé Dehæse, à la cure de Notre-Dame de l'Immaculée Conception, à Hazebrouck. Les regrets causés par le départ de M. Dehæse, la fréquence des changements de curé (cinq, sur moins de sept ans) et mon désir personnel, ont été causes que ma réception n'a pas été solennelle. Mais le dimanche suivant, avant la grand-messe, toutes les autorités locales sont venues me saluer au presbytère, et me conduire solennellement à l'église. L'installation canonique a eu lieu, peu de temps après, par M. l'abbé Destombes, curé doyen de Lannoy, en présence de M. le Curé de Flers (Breucq) et de plusieurs personnes de la paroisse. Cette installation a eu lieu selon les formes prescrites par le rituel.

15 août. La procession de l'Assomption a eu lieu après la grand-messe. Elle s'est dirigée vers le calvaire de M. Duquesnoy, puis à la chapelle de Notre-Dame de Lourdes ; on a fait le tour de la ferme Dérez, et on est revenu à l'église. L'assistance a été très nombreuse et recueillie. J'ai distribué une trentaine de communions.

Octobre. Pendant le mois du rosaire, on a récité le chapelet pendant les moments de silence des messes chantées. Les dimanches, il y a eu un salut, vers 6h du soir. Assistance médiocre.

Premier novembre. La veille de la Toussaint, j'ai confessé toute la journée, et j'ai distribué, le jour de la fête, une centaine de communions. La préparation à la Sainte communion, et l'action de grâce après la communion ont été faites par un assez grand nombre de personnes. Il y a eu un progrès notable sur les communions du premier dimanche de septembre, où presque tous les enfants, après s'être confessés la veille, très légèrement, sont venus communier le lendemain, presque sans préparation, sans livres ni chapelets, et sont retournés chez eux presque aussitôt après leur communion. J'en ai été vraiment stupéfait, ainsi que ma sœur et Sophie. Je m'en suis plaint publiquement. C'était un défaut général, à peu près.

Décembre. Le jour de la Solennité de la fête de l'Immaculée Conception a été érigée canoniquement, à Chéreng, la Confrérie du Saint Rosaire. Après l'autorisation formelle de Monseigneur Sonnois, archevêque de Cambrai, et toutes les formalités prescrites près du Supérieur général des Dominicains, à Rome ; le Révérend Père Lefèvre, Directeur du Rosaire dans le diocèse, en résidence à Lille, rue Notre-Dame, est venu prêcher aux deux messes et aux vêpres. Une procession en l'honneur de Notre-Dame du Rosaire a eu lieu autour de la place, suivie de la meilleure portion de la paroisse. Il y a eu de nombreuses communions. Le Révérend Père a été des plus satisfaits, ainsi que les paroissiens.

Le Curé de la paroisse a été nommé Directeur de la susdite confrérie, à Chéreng, avec tous les pouvoirs attachés à ce titre. Ses successeurs, héritent, par le fait, de ce titre, avec toutes ses conséquences.

25 décembre. La fête de Noël s'est passée, dit-on, comme les années ordinaires. En 1896, il y eut davantage de communions, parce que c'était la clôture du jubilé. Un plus grand nombre de grandes personnes pourrait s'approcher des sacrements. J'ai prêché aux vêpres, l'église n'était pas pleine. Notablement moins de monde qu'à la grand-messe. Mieux vaudrait prêcher à la grand-messe.

 

1898

Premier janvier. Messe chantée à 8 heures (voir s'il ne serait pas mieux de la mettre à 9 heures). Peu de monde ; quelques communions !

6 janvier. La fête de l’Épiphanie n'est pas assez solennisée. Peu de monde, relativement à la grand-messe, et aux vêpres.

29 janvier. La messe de St François de Sales, remise au 31, à cause d'une messe de mariage, a attiré une assistance convenable, pour la première fois qu'elle a eu lieu.

L'offrande pour l'œuvre a été relativement bonne.

2 février. Fête de la purification, suivie de la bénédiction des petits enfants. Il y a eu très peu de jeunes enfants. Mettre la messe à 8h au lieu de 7h.

6 février. La fête du Patron passe trop inaperçue. Elle est trop près de l'Adoration.

11 février. Fête de l'Adoration du Très Saint Sacrement s'est passée d'une manière convenable. Plusieurs personnes dignes de foi, de la paroisse, me certifient qu'il y a eu plus de monde aux offices, surtout aux vêpres, que l'an dernier, et autant de confessions.

Le prédicateur a été M. Delannoy, curé d'Hordaing ; ses sermons de la veille et du jour ont été simples, pratiques, très bien débités et goûtés. Il serait mieux de commencer les exercices un jour plus tôt, et ne plus prêcher la veille, pour faciliter les confessions. Le prédicateur et moi, nous avons confessé l'avant veille, dès 4 heures du soir. M. le prédicateur a occupé mon confessionnal, et moi celui d'en face. La veille, dès deux heures, j'ai été aidé par M. le Curé de Tressin et celui du Petit Baisieux, qui, le lendemain, a chanté la grand-messe.

Je crois qu'il serait préférable de chanter les saluts plus tôt, par exemple, vers 5h½ ou 6 heures.

J'évalue les communions à 200. Tous à qui je disais qu'en 1897, il y avait eu 500 se mettaient à rire, sans vouloir rien dire… Il y a eu une légère amélioration concernant la préparation à la Sainte communion et l'action de grâces.

Le jour des Cendres, Monsieur le Maire et M. Pottier, plus une trentaine de grandes personnes sont venus les recevoir !!!…

Pendant le carême, il y a eu un salut les mardis, et chemin de la croix les vendredis. Ces offices ont été si peu fréquentés par les grandes personnes qu'il ne valait guère la peine d'y faire une lecture de piété.

Le jeudi Saint, le sermon de la Passion a été prêché par M. Bonduel, professeur à Marcq. L'église n'était pas pleine, on a écouté très attentivement.

Les offices de la Semaine Sainte ont été piteusement suivis. On m'affirme que c'est l'ordinaire.

Le jour de Pâques, l'église est comble, aux deux messes, auxquelles j'ai prêché. Bien que ce soit plus fatigant, il est préférable de prêcher le matin, plutôt qu'aux vêpres, aux grandes fêtes, plus du double des paroissiens peuvent en profiter.

Le devoir pascal s'est accompli convenablement. M. le Curé de Tressin est venu confesser le lundi de la 2° semaine, il a eu 25 pénitents. M. l'abbé Fourez est venu confesser le dernier samedi, il a eu une centaine de personnes, avec le dimanche matin. Le chiffre des confessions a été : 193 hommes et 507 femmes, soit un total de 700 pâques, y compris les premières communions.

Ascension. Cette fête n'a rien eu de remarquable. Assistance habituelle.

Pentecôte. 29 mai. Premières communions. Ducasse.

La retraite préparatoire à la Première communion, commencée le jeudi matin, a été prêchée par moi-même. Les religieuses ont prêté leur dévoué concours. Le soir, il n'y a pas eu bénédiction du Très Saint Sacrement. Les renouvelants assistaient à la messe et aux exercices du matin et du soir, seulement ; mais ceux et celles qui avaient persévéré, il y en avait peu.

La journée s'est très bien passée. J'ai prêché moi-même, le matin et aux vêpres. Beaucoup de monde, grande attention. Mais je pense qu'il serait préférable de ne pas toujours choisir la Fête de la Pentecôte : le lendemain, les enfants sont exposés à la Dissipation. Seuls les ouvriers désirent ce jour.

12 juin. Fête du Très Saint Sacrement. Temps très favorable. Très belle procession ; reposoirs chez Victor Piat, M. Lepers et au Château ; au retour : chez M. Strasmains. M. Le Hardy du Marais a porté un flambeau et a beaucoup édifié par sa piété. Derrière le dais, les Dames causaient avec un laisser-aller peu édifiant. Trop de curieuses sur les côtés ; quelques filles éhontées agaçaient les pom-piers et les musiciens. J'ai dû les rappeler à l'ordre.

19 juin. 2° procession, au calvaire de M. Duquesnoy. Il n'y avait pas d'autre reposoir. Temps douteux ; il y a eu plus de recueille-ment, et moins de curieuses sur les côtés. Calvaire très bien décoré.

Note pour 1899.- Il serait bon, quelque dimanche avant les processions, de rappeler la Présence réelle de Notre Seigneur dans l'Eucharistie, non seulement quand il réside dans le tabernacle, mais aussi quand il parcourt nos rues, soit humblement, quand il est porté aux malades, soit solennellement, comme dans les processions ; où il a toujours droit à nos adorations, à notre respect manifesté, au moins, par notre silence… et mieux par le décor des rues, des maisons, où il répandrait toutes sortes de faveurs, comme sur ceux qui manifesteraient leur foi, d'une manière quelconque. Citer ce qui se passe à Lourdes… les guérisons obtenues très souvent, sur le passage du Très Saint Sacrement. Engager en outre, à communier davantage, le jour de la Fête-Dieu.

15 août. La procession de l'assomption a eu lieu après la grand-messe de 9 heures, la première messe a été dite à 7 heures, il y a eu une quarantaine de communions. Relativement peu de monde aux messes, à cause de la moisson. Un pompier est venu, avant la grand-messe, me demander de ne pas assister à la messe, en armes, à cause de la chaleur, me promettant d'y assister, en tenue, sur les chaises ; j'ai accordé, mais, le chef seul, a assisté à la messe ! En ces conditions, il serait préférable qu'ils ne vinssent pas.

À la grand-messe les musiciens ont joué un morceau, en entrant, rien pendant la messe ; il faisait une chaleur étouffante. Ils ont joué à la procession.

Les chantres, à la procession, chantaient des cantiques en français, j'ai demandé des chants latins. J'ai dû chanter presque tout avec le clerc. M. Mulliez, ne donne aucun ordre au clerc, et ne demande aucun conseil, à qui que ce soit.

Premier novembre. La fête de la Toussaint s'est passée avec édification. Beaucoup de communions, avec préparation et actions de grâces convenables. Église comble aux offices. J'ai prêché moi-même aux vêpres, et les Matines ont été chantées à 6 heures ; assistance médiocre. Les sonneurs n'ont guère sonné pour les morts.

2 novembre. L'an prochain, en prêchant sur les Saints, à la messe, on pourrait chanter Vêpres et Matines des morts, après les vêpres du jour. Le lendemain à la messe, belle assistance ; au chemin de croix, peu de monde.

3 novembre. À la bénédiction du pain de St Hubert, il y a eu notablement plus de monde que l'an dernier.

6 novembre. À la messe de départ des Conscrits, tous ceux qui étaient libres ont assisté à la première messe. La musique a joué. L'église était comble. J'ai prêché moi-même, comme l'an dernier. Tout s'est passé très bien. Après la messe, les Conscrits sont venus prendre un verre de vin au presbytère.

24 novembre. Clocher - Le 24 novembre 1898, aux premières vêpres de la fête de Sainte Catherine, à l'occasion des réparations faites au clocher, l'ancien coq a été remplacé par un nouveau, fait et donné par M. Victor Piat, maréchal ferrant à Chéreng. Il a été béni par Monsieur Jules Veÿs, Curé de la paroisse ; et placé par Monsieur Détriez fils, couvreur à Chéreng.

25 décembre. La fête de Noël s'est bien passée ; comme les années précédentes. Il y a eu une centaine de communions, sans les enfants de Première communion. Beaucoup de monde aux offices. J'ai prêché à la grand-messe. On a trouvé, comme d'ordinaire, que la messe a duré longtemps. La musique l'a prolongée d'au moins 10 minutes ! C'est la musique qui doit se corriger, mais non le prédicateur ; les musiciens ont trop besoin d'instruction religieuse.

 

1899 : Dette dite Ruffin.

Je soussigné, reconnais avoir reçu de la Fabrique paroissiale de Chéreng, la somme de 469 Francs de la dette, dite de M. Ruffin. Ce qui réduit la susdite dette à Mille francs (1000 frs)

1° janvier 1899 Signé : Veÿs.

 

Autres notations 1899 :

Premier janvier. La circoncision tombant un dimanche, je n'ai pas prêché. Mes souhaits ont duré une minute.

8 janvier. Le jour de l’Épiphanie, j'ai donné en chaire le nombre des baptêmes, mariages et décès de l'année 1898, et ajouté quelques mots de circonstance. On a trouvé cela très bien. L'assistance à la messe fut comme d'ordinaire, beaucoup moins nombreuse aux vêpres ; j'en ai fait la remarque, et me suis plaint du peu de communions. On n'attache pas assez d'importance à cette grande fête. On a laissé la crèche jusqu'à la Purification.

2 février. La fête de la Purification de la Très Sainte. Vierge n'est pas assez suivie. Peu de monde à la messe qu'on ne solennise pas. L'harmonium devrait se faire entendre. Tous les enfants des écoles n'y assistent même pas. Les sonneurs ont tinté un peu avant la messe, rien pendant la procession. On ne comprend pas l'importance de cette fête, qui devrait être principalement celle des mères de famille.

11 février. La fête de l'adoration a été préparée par Monsieur Douce, Curé de Coutiches, qui a donné toutes les instructions. Il y a eu un peu de monde le 8 au soir, le double le 9, on n'a pas prêché la veille pour avoir plus de temps pour confesser.

M. le Curé de Coutiches, a beaucoup confessé, ses instructions très simples et pieuses ont été goûtées, et écoutées religieusement, il a fait beaucoup de bien aux enfants.

Le chiffre des confessions a été d'environ 300.

Le jour de l'adoration s'est bien passé, comme d'ordinaire. Les confesseurs furent MM. les Curés de Tressin et de Sin.

Jeudi Saint. Le Sermon de la Passion a été donné par M. l'abbé Fourez, professeur à Marcq. Assistance médiocre. Pas assez de monde aux offices de la Semaine Sainte. Monsieur Mulliez, Directeur de Sa Maîtrise, ne chante pas le Stabat ! J'ignore pourquoi !… Il ne l'a jamais dit…

Pâques. Très belle fête, nombreuse assistance à tous les offices. Seul le chant a laissé à désirer. M. Mulliez, après avoir renvoyé ses petits chantres, est venu me dire qu'ils étaient en grève ! Tous ont énergiquement protesté. Lui-même n'a pas chanté, il affectait, paraît-il, de dormir à la tribune, pendant les offices de la journée. Le lendemain, jour du mariage de Mlle Thérésa Pelmant, (mon organiste), il voulait chanter, malgré tout, pour empêcher les demoiselles de la réunion de chanter ce qu'elles avaient préparé pour leur compagne. M. Mulliez s'est montré insolent, à mon égard. J'ai dû le rappeler à l'ordre.

Quelques jours après, avaient lieu les funérailles solennelles de M. Florimont Quint. M. Mulliez, voulait m'imposer sa maîtrise, faussement, au nom de M. Stien. Avant les funérailles, à la sacristie, vis-à-vis de M. le Curé de Tressin, et de M. le Curé de Gruson, il s'est montré, à mon égard, d'une telle insolence, que j'ai dû lui rappeler que j'étais seul curé de Chéreng, et pas lui, et lui ai défendu de chanter.

Pendant la messe, il a, devant le personnel de la tribune, empêché un clerc de chanter un De profundis, pendant l'offrande, en lui arrachant son papier brusquement des mains, au moment où il allait commencer. Une lutte s'est engagée entre eux deux, au scandale de l'assistance ; il est descendu, par deux fois, pour exciter le premier parent du défunt, M. Stien, à se plaindre du chant des funérailles. M. Stien, a eu plus d'esprit, et l'a envoyé poliment se promener… etc..

Quelques jours après, je lui ai donné son congé, en le remerciant de son dévouement antérieur… Cet acte a causé, dans toute la paroisse une joie vivement exprimée, sans la moindre plainte de qui que ce soit, et a produit un soulagement général…

M. Mulliez, après avoir enlevé ses livres de chant, etc, d'une armoire de la tribune, à trois clés semblables, n'a pas rendu la sienne. Le dimanche qui suivit son départ, on a constaté que la page où se trouvait l'hymne des vêpres avait disparu des trois livres de chant qui restaient. Le même fait s'est reproduit le dimanche d'après, pour la messe et les vêpres. M. Mulliez avait dû aller, en secret, dans cette armoire, car une baguette qui lui servait à battre la mesure, en avait été enlevée ! Les 2 autres clés étaient entre les mains du clerc et de l'organiste… Tout ceci pour mémoire.

Processions. Les processions du Très Saint Sacrement ont été faites avec plus d'édification que l'an dernier, grâce, en partie, au renvoi de M. Mulliez, et à la démission de son camarade, Émile Dujardin ! M. Du Marais a porté un flambeau, ainsi que M. Desombre, en villégiature (Juge du tribunal de commerce, à Lille).

15 août. La procession de l'assomption s'est rendue au calvaire de M. Duquesnoy, avec édification. Les communions ont été fort édifiantes, mais pas très nombreuses.

Premier octobre. Beaucoup de communions (une centaine) plus pieuses que d'ordinaire. Église pleine à tous les offices. Procession du Rosaire autour de la place.

Toussaint. Belle fête, nombreuses communions, église comble aux messes et aux vêpres.

Noël. Assistance convenable à la messe de 5 heures, moindre à la messe de 8h, très belle à la grand-messe, et aux vêpres. Environ 80 communions.

 

1900

L'an 1900, le 22 du mois d'avril, les membres du Conseil de fabrique de l'église de Chéreng, dûment convoqués, se sont réunis au presbytère, lieu ordinaire de leurs séances. Tous les membres étaient présents, excepté Monsieur Le Hardy du Marais, empêché, qui s'est fait excuser.

On s'est occupé ensuite du budget de 1900. Ce budget préparé par les membres du bureau, après avoir été discuté article par article, par tous les membres présent du Conseil, est adopté, à l'unanimité ; Et le montant des recettes tant ordinaires qu'extraordinaires, ainsi que le montant des dépenses, tant ordinaires qu'extraordinaires, ont été fixés tous deux à la somme de dix-sept cents francs. D'où un équilibre parfait.

Il est ensuite question du prélèvement de 5%, imposé par le Gouvernement, sur la location des chaises, pour être consacré à la caisse de retraite des vieux prêtres, dite de St Charles, à Cambrai.

À cette occasion, il est constaté, à l'unanimité, qu'il n'est pas possible, pour le moment, de fixer le chiffre de ce prélèvement.

Parce que le montant des recettes varie beaucoup d'une année à l'autre.

Parce que la chaisière seule, connaît le nombre et les prix des abonnements, par cœur, sans qu'aucun registre le témoigne, et sans le moindre contrôle possible.

Sur ce : on décide, à l'unanimité, qu'on exigera de la chaisière le nombre des abonnements, les noms de chacun des abonnés, le prix annuel, qui devra être uniforme.

Que la chaisière devra remettre le montant des chaises reçues des non abonnés plus souvent que tous les mois, voir tous les dimanches, si M. le Curé le juge à propos.

Que chaque année il sera prélevé sur les recettes, la somme de cinquante francs, pour achat de nouvelles chaises et réparation des anciennes.

Monsieur le Curé demande ensuite au Conseil si c'est sur son ordre que, dans le nouveau bail des terres de la fabrique, Monsieur Dumont, notaire à Ascq a supprimé la clause qui obligeait les divers locataires à payer leur part de la contribution de Main morte… À l'unanimité, il est répondu que le Conseil n'a jamais eu cette intention, et que cette suppression a été faite à son insu. M. le Curé montre alors une lettre de M. Dumont qui avoue lui-même ne pas se rappeler le motif de ce changement de condition. Tout le monde est d'avis qu'on doit continuer à réclamer de chaque locataire, comme par le passé, cette contribution de Mainmorte.

Signatures : Ledent, Pottiée, Duquennoy, Mordacq, Le Hardy du Marais, Veÿs.

 

1° janvier. J'avais annoncé la messe à 9h au lieu de 8h, comme essai. Je ne m'en suis pas bien trouvé. La remettre à 8h pour 1901. Insister davantage sur la convenance de sanctifier cette première journée de l'année.

Adoration. Elle devait être prêchée par M. Degræve, missionnaire diocésain, qui s'était engagé ailleurs ?… Il s'est fait remplacer par M. Moine. La journée s'est passée comme les années ordinaires. Les exercices préparatoires ont été médiocrement suivis. Environ 200 communions.

Jeudi Saint. Je comptais sur un prédicateur de la Passion. Il a fait défaut. J'ai prêché moi-même. Pas assez de monde à la messe du matin, ni assez de communions. Les offices de la Semaine Sainte ne sont pas assez suivis.

Pâques. Peu de pâques pendant la première quinzaine ; beaucoup le jour de Pâques. M. le procuré de Forest vient confesser le mercredi plus de cent personnes ; il est revenu un jour de la dernière semaine, il a encore eu environ 50 personnes. Il y a eu plus de 700 pâques. Généralement, on a fait beaucoup mieux la préparation à la communion et l'action de grâces.

Mai. Pendant le mois de mai, sur la demande des religieuses et de quelques personnes, tous les jours, une ½ heure avant le soir, au son de l'Angélus, j'ai récité, en chaire, le chapelet, et la prière du soir, en commun. Avant on a chanté un cantique, pendant les mystères du Rosaire, et après : on a chanté, en variant chaque semaine, une invocation à Notre-Dame du perpétuel secours, soit à Notre-Dame du Rosaire. Je m'en suis bien trouvé. En cas d'empêchement de ma part, les religieuses devaient me remplacer. Pas de bénédiction du Très Saint Sacrement.

Processions. Le dimanche précédent, j'ai annoncé la première procession, comme d'ordinaire, par la grand route, le château, etc… Le vendredi soir, un domestique de M. Du Marais m'a apporté le billet suivant :

« Monsieur, le Curé,

Ayant appris hier dans le village que votre projet était de venir dimanche à la chapelle, je viens vous demander de remettre ce parcours au dimanche suivant. Vu le mauvais temps, il m'est impossible de nettoyer convenablement l'avenue et le jardin. Anciennement d'ailleurs on ne venait pas toujours au château le premier dimanche et l'on voulait bien me prévenir.

Recevez, Monsieur le Curé, l'assurance de mes sentiments distingués.

Ch. Du Marais. (15 juin 1900) »

Le lendemain, j'ai répondu :

« Monsieur Du Marais,

Il est trop tard pour changer entièrement le parcours de la procession de demain ; mais, si le mauvais temps y mettait obstacle, désireux, malgré tout, de vous être agréable, le parcours projeté pour demain sera remis au dimanche suivant.

Si je me suis borné de vous en informer, par l'annonce en chaire, c'est que j'ai craint de vous importuner par une visite personnelle.

Agréez, Monsieur Du Marais, l'assurance de mon sincère et affectueux dévouement. (16 juin 1900). »

Le motif allégué n'était qu'un prétexte. On exigeait de moi une visite préalable, équivalant à une autorisation, alors que j'envisageais la chose comme un honneur pour la chapelle, de recevoir la visite de Notre Seigneur.

Le dimanche, au passage de la procession, la chaîne de l'avenue était faite, contrairement à l'usage, ordre avait été donné de la défaire aussitôt après la procession. Tout le monde l'a remarqué, constaté, blâmé… Ceci, comme mémoire, sans commentaire.

La procession s'est faite avec édification ; Il y avait un magnifique reposoir chez M. Lepers, un autre plus beau que les années précédentes chez M. Strasmains, au Pont, d'où on est revenu au reposoir de M. Lepers et à l'église. Tout le monde était enchanté de ce que le parcours était moins long ; on a beaucoup ri des prétentions de M. Du Marais. Je n'en ai pas fait la moindre mention.

La seconde procession s'est faite sans incident, au calvaire de Monsieur Jules Duquesnoy.

15 août. La fête de l'assomption s'est passée convenablement. Moins de monde aux offices à cause de la moisson compromise par le mauvais temps précédent. Par contre, il y a eu plus de communions que l'an dernier. Je n'ai pas pu confesser tout le monde avant la messe.

Octobre. Le premier dimanche d'octobre, beaucoup d'associés du Rosaire se sont approchés des Sacrements. Après les vêpres a eu lieu la procession de la Très Sainte Vierge, autour de la place. Belle assistance. Un certain nombre d'hommes, parmi lesquels M. le Maire. En résumé : belle fête.

 

Garde d'honneur du Sacré Cœur de Jésus.

Le dimanche suivant, la Confrérie de la Garde d’honneur du Sacré Cœur de Jésus a été érigée canoniquement et publiquement. J'en ai fait connaître et apprécier : la nature, les buts et les avantages. Un bon nombre de personnes se sont fait inscrire, et ont promis d'être fidèles à la communion des premiers vendredis du mois, à la messe de ce jour, et à leur heure de garde. Leurs noms figurent sur le tableau dit : Horloge du Sacré Cœur, placé dans l'église.

Le beau drapeau national, avec le Sacré Cœur de Jésus, don des Révérendes religieuses de la Visitation de Roubaix, en a été l'occasion.

Premier novembre. La fête de la Toussaint a été très édifiante ; il m'a été impossible de confesser tous ceux qui se sont présentés. J'ai prêché, aux deux messes. Église trop petite à tous les offices de la journée.

2 novembre. Beaucoup de monde à la messe des morts ; mais très peu au chemin de croix.

25 décembre. La belle fête de Noël s'est très bien passée. Il y eut bon nombre de communions ; beaucoup de monde à tous les offices. J'ai prêché à la grand-messe sur ce texte : ego dormio, se cor meum vigilat. Ce sermon a plu beaucoup.

 

Nouveau Siècle ! 1901

…On a parlé ensuite des recettes des chaises, et on a renvoyé le règlement de cette question après les travaux d'agrandissement de l'église, car, il y aura, à cette occasion de grands changements dans les places occupées par les fidèles, jusqu'alors.

Le Conseil n'ayant plus rien à délibérer, la séance a été clause, sans incidents.

Signatures : Ledent, Pottiée, Duquennoy, Veÿs.

Premier janvier. La petite grand-messe du jour de la Circoncision a été remise à 8 heures, au lieu de 9h l'année précédente. L'assistance n'a guère été plus nombreuse ; mais Monsieur le Maire et les membres du Conseil de fabrique sont venus me souhaiter une bonne année, excepté M. Du Marais qui ne le fait jamais.

11 février. La fête de l'adoration a été magnifique pour Chéreng ; Le Triduum a été prêché par le R. Père Arcène, rédemptoriste de Lille. Il a prêché on ne peut plus simplement, mais très pratiquement. Tout le monde a été enchanté.

Les confesseurs furent : Le révérend Père et moi, le samedi ; plus M. Bernærd, le dimanche soir. M. le Curé de Tressin, malade.

Pâques 1901. Les pâques de 1901 n'ont offert aucune particularité digne d'être signalée. Les saluts de carême ont été suivis comme d'ordinaire, c'est-à-dire, pas assez de monde. Les confesseurs étrangers furent : M. le Curé de Tressin, qui a peu confessé ; mais surtout M. l'abbé Flament, le procuré de Forest, qui est venu plusieurs jours et a confessé beaucoup.

Ont fait leurs pâques : environ 213 hommes et 487 femmes, soit un total de 700 personnes.

Fêtes de l'année. Les grandes fêtes de l'année ont laissé quelque peu à désirer, à cause des grands travaux de l'église. Les processions ont été très belles. M. Defays a fait un superbe reposoir à sa villégiature du Tuquet. .

Jubilé. Les exercices du jubilé qui devaient avoir lieu, à la Toussaint, en même temps qu'une grande Mission, ont dû nécessairement être remis à plus tard, à cause de l'inachèvement des travaux de l'église, contrairement à ce qui avait été promis. La mission a été remise en 1902 ; et les exercices du jubilé ont été prêchés du 17 au 25 décembre par le R.P. Lemettre, rédemptoriste de Lille, qui a plu beaucoup. Environ 300 personnes ont fait leur jubilé.

 

Principaux événements de l'année 1901. L'année 1901 a été remarquable :

 

1° par la mort de M. Charles Le Hardy Du Marais, Chevalier de l'ordre de St Grégoire le Grand, membre du Conseil de fabrique, et insigne bienfaiteur de la paroisse, comme fondateur, soutien et propriétaire de l'école libre, catholique, de la paroisse, si bien dirigée par les Sœurs de Ste Marie d'Angers.

Il est bien regrettable qu'il n'ait jamais rien voulu donner pour l'agrandissement de l'église. Il s'y est même opposé, dans le principe. Mais, vers la fin de sa vie, remarquant la beauté des plans et leur belle exécution, il cherchait toutes les occasions d'en parler avantageusement. Retenu, sans doute, par l'amour propre, il n'a osé revenir sur sa parole. Il est mort sans avoir rien donné pour l'église.

À ses funérailles extra-solennelles, chacun faisait ses réflexions au sujet de l'église : Les uns disaient : « il n'a pas voulu que le Bon Dieu eût une belle maison, et voilà qu'il lui a pris son château ! » - D'autres : « Eh bien ! il ne voulait plus assister à la messe à Chéreng, à cause de la poussière et des courants d'air ; et voilà qu'il est enterré au moment où il y a le plus de poussière et de courants d'air ». On venait, en effet, d'abattre l'ancien chœur, il n'y avait pas encore de vitres au nouveau chœur. Il a été le seul enterré dans ces tristes conditions. - D'autres enfin, remarquant qu'il était mort sans pouvoir communier, disaient : « Il y a deux ans qu'il ne veut plus que M. le Curé, aille en procession avec le St Sacrement, à la chapelle de son château ; il met même la grosse chaîne à son avenue, comme barrière ; à son tour, le Bon Dieu a dit : tu m'interdis l'entrée de ton château ; je n'y entrerai plus, même à la dernière heure : tu mourras sans me recevoir, en viatique ». C'était vraiment remarquable ! Les hommes disparaissent ; Dieu seul ne meurt pas. Ce qui n'empêche que, malgré tout, sa mort est bien regrettable, surtout pour l'école catholique, et aussi pour l'église ; car, au dire de tous : il aurait fini par donner. Il était malade de ne l'avoir pas fait. Il n'a pas eu le temps, ni la force de reconnaître et de réparer sa faute. Requiescat in pace.

Je n'ai jamais eu la moindre difficulté avec lui ; si nos rapports étaient presque nuls, c'est qu'avant mon installation, quelqu'un lui a dit que je n'étais pas l'homme de Chéreng ; Ce quelqu'un ne me connaissait même pas de vue ! Ces préjugés m'ont été très funestes, dans mon ministère ; j'ai eu bien de la peine à les faire disparaître. (C'était M. Catteau, Curé de Tressin).

 

2° L'autre événement remarquable de l'année 1901, fut l'achèvement des travaux d'agrandissement de l'église, en décembre. On a trouvé sa transformation admirable ; principalement les voûtes du transept, exécu-tées par M. Fabre, de Paris. M. François Roussel, l'architecte, de Cambrai, au dernier moment, a trahi ma confiance, comme un hypocrite franc-maçon qu'il était… Il m'a volé, autant qu'il a pu…

Le banc de communion exécuté à Roubaix par Monsieur Smet, a été donné, en souvenir de la première communion de Pierre Lepers, son fils, par M. Romain Lepers-Duquesnoy.

Le vitrail principal du chœur a été exécuté par M. Haussaire, de Lille, et donné par Mme Decrane-Lagniez, ma cousine germaine, en mémoire de sa mère, Mme Lagniez-Masure, de Roubaix (Anne-Marie Mazure).

Le vitrail du transept (Notre-Dame de Lourdes) a été payé, par M. Carette-Lacæs, en souvenir de sa guérison dans l'église de Chéreng, en 1900. Le reste a été donné par ma sœur, Mlle Évelyna Veÿs.

Le vitrail de la chapelle de la Très Sainte Vierge, a été donné une moitié par les enfants de la première communion de 1901, l'autre moitié par Mlle Adèle Duquesnoy-Salembier.

Le vitrail qui est le pendant, au-dessus de la porte de la sacristie, a été donné également par les enfants de la première communion de 1902, et Mlle Henriette Duquesnoy-Salembier, de Chéreng.

Le vitrail d'en haut, au-dessus de la chapelle de la Très Sainte Vierge, a été payé par les jeunes filles de l'école catholique et celles de la réunion (La Sainte Famille).

Les deux vitraux de droite et de gauche, dans le chœur, ont été payés, ¾ par M. Pierre Lepers de Roubaix, frère de M. Romain Lepers de Chéreng, et ¼ par M. Romain Lepers-Duquesnoy.

 

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