VII. Les aides. Statistique et population. Faits historiques. Personnages divers.

La répartition entre les paroisses des aides que le Souverain demandait aux États de la province se faisait d’après le nombre de feux, de bonniers et de bestiaux qu’elles contenaient et sur la déclaration des gens de loi et du pasteur de chaque localité. De là des dénombrements. et des recolements périodiques résumés ci-après et dans lesquels perce toujours l’intention calculée des magistrats de diminuer l’importance de leur endroit, afin de lui éviter une trop forte augmentation. L’impôt une fois réglé par paroisses, les gens de loi en faisaient eux-mêmes la sous-répartition entre les habitants qui y étaient sujets, chaque chef de famille étant taxé pour son feu, pour la quantité de terre qu’il occupait et pour les bestiaux qu’il nourrissait.

Le 26 septembre 1449, suivant la déclaration de Jean de Rume, curé ; de César Prouvost, Jean Agache, Pierre de Thieffries, Willaume le Couvreur, Guillemin Planquelle, collecteur ; Jean de Thieffries, Aleaume Willant, Pierre Goudaillier, les gens de Chérench avaient été assis, aux aides de 1448, à 32 livres de 40 gros. Ils étaient alors 60 personnes payant taille et 12 maisnies[1] qu’ils avaient taxées. Des gens payant taille il y en avait 14 environ qui en ce moment prenaient les biens des pauvres.

Les laboureurs étaient appauvris depuis 10 à 12 ans à cause de mauvaises récoltes, ce qui les avait contraints de prendre de l’argent en rentes viagères. Leurs terres valaient en cense 4 rasières et demie de blé et en vente 64 francs le bonnier ; elles devaient l’une parmi l’autre une rasière de blé à la priserie du prince, par bonnier. Le village fut taxé à 36 livres de 40 gros.[2]

En 1497, pour Chérencs, comparurent sire Jacques de Sachy, prêtre, vice-curé du lieu, Roger Castellain, Alard Morel, Jean Leclercq, Martin de Flines, dit le couvreur et Micbel Halumiers, lesquels affirmèrent par serment qu’il y avait en la paroisse 40 feux ou environ contribuant à l’aide avec ceux de la châtellenie et non compris ceux de l’Empire. De ces 40 feux 20 prenaient les biens de la carité des pauvres, et de ces derniers huit ou neuf ménages allaient demander l’aumône journellement, les autres vivant de labeur aux champs du mieux qu’ils pouvaient.

Il y avait environ 12 paires de chevaux dont la moitié labouraient journellement, les autres allaient paître au marais et les pauvres gens s’en aidaient pour voiturer ou autrement.

Le village était aussi peuplé qu’en 1491, mais il était fort intéressé de ce que plusieurs gens reséans bien assis s’étaient retirés sur la terre d’Empire contigüe à Chérens et qu’on disait exempte de contribuer aux aides. On avait payé cette année au receveur des aides 48 livres de 40 gros y compris l’aide dernièrement accordée à Monseigneur pour faire la guerre en Gheldres.[3]

Dans l’enquête de 1505, comparurent pour chérencs Lottard de Galonne, lieutenant du Bailli, Alard Morel, Pierart Lesperon et Luc Hennot, qui déposèrent que audit lieu il y avait 54 feux dont 30 prenaient les biens de la carité des pauvres ; de ces 30, 10 ou 12 ménages allaient quérir leur pain ; 102 bonniers de terre à labour et 18 bonniers de manoir, jardins et prés, lesquelles terres à labour pouvaient valoir 16 rasières de grains à l’avesture et en vente 150 francs le bonnier ; les manoirs, jardins et prés 18 francs par an et en vente 360 francs ; 20 bêtes chevalines allant au marais, 70 vaches et 80 bêtes blanches ; — un pâturage commun.

Aucuns manans sous l’Empire maniaient 15 bonniers de terre à labour et 1 bonnier de pré et jardins sans payer aucune taille au Roi, ce qui portait les manans de la châtellenie à s’amasser sur l’Empire pour être exempts des aides au grand intérêt du village.[4]

On comptait à Chéreng, en 1553, 51 feux et 181 bonniers de terre non compris le marais. Ce marais, commun à plusieurs villages, fut partagé en exécution de l’arrêt du conseil d’État du Roi, du 10 septembre 1774, à charge par chaque village de pourvoir au curement de la rivière de la Marque dans la partie échue à ses habitants. Le territoire de Chéreng contient actuellement 412 hectares ; Sa population était en 1790 de 1100 habitants ; elle est en 1890 de 1384 habitants. Le principal des quatre contributions s’élève à 8.255 francs ; les centimes communaux à 99.

Chéreng est à deux lieues et demie de Lille et sur la route de cette ville à Tournai. Ce village fut en 1340, le théâtre de fréquentes escarmouches entre les troupes françaises commandées par Philippe de Valois, et les Anglais, Flamands et Liégeois réunis.

On lit dans les Mémoires de Nicolas Soldoyer, de Tournai, qu’en 1566, pendant les troubles religieux, il y avait à Lannoy « un prédicant nommé Maistre Denis Chemin, fils du maréchal de Chéren, mi-chemin de Tournai à Lille, lequel en toutes ses presches il a baptisé et marié à la façon de Genève, c’est-à-dire à la Calviniste. »[5]

L’armée des alliés campa à Chéreng pendant près de trois mois avant l’ouverture de la campagne de 1712 , le prince Eugène la passa en revue dans le village.

Le 9 janvier 1756, baptême à Chéreng de Louis-Joseph Le Clercq, fils de Paul-André, écuyer, seigneur des Alleux et de Marie-Élisabeth d’Hervy. Le père signe : Des alleux.

Outre ceux qui viennent d’être cités dans les enquêtes de 1449, de 1497 et de l505, j’ai recueilli quelques noms pouvant avoir leur intérêt pour les anciennes familles de Chéreng :

Jean-Baptiste Leconte, bailli de Chéreng en 1706.

Paul Prévost, homme de loi de la terre et communauté de Chéreng, avant 1756.

Alexandre Plancq, censier-bailli de l’hamayde et maître des Postes royales à la résidence de Pont-à-Tressin, et privilégié comme les commensaux de la maison et couronne de France, 1756.

Pierre-Michel Waquier, lieutenant de Montreul-Empire, 1756.

Philippe-Joseph Derets, homme de loi, 1756.

Philippe-Joseph Vanghelle, lieutenant de Chéreng, 1758 ; mort à Chéreng le 28 septembre 1770.

 

[1] Famille, ménage, maison, tous ceux qui la composent, de mansio, maison.

[2] Recolement de l’aide des châtellenies de Lille, Douai et Orchies et enquête sur les plaintes des habitants. (Archives du Nord, ancien L. 285, f° XXIV V°)

[3] Information sur l’état des habitants des villes et châtellenies de Lille, Douai et Orchies (Archives du Nord, ancien D, 293, f° XXI V°)

[4] Enquête sur l’état et faculté des contribuables des villes et châtellenies de Lille, Douai et Orchies (Archives du Nord, ancien A, 1O3, f° LIII).

[5] P. 238.

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