Le Culte catholique (suite)

Le 25 juin 1877, Ludger Honorez fut installé curé de Gruson.

Sa première préoccupation fut la reconstruction de l’église. Il choisit M. Paul Destombes, de Roubaix, comme architecte :d’après les prévisions de celui-ci, le nouvel édifice devait coûter 25.000 fr.

Eglise de Guson en 1936

Dans sa session d’août, le Conseil général vota une subvention de 2.500 fr. Un secours de 8.000 fr. fut demandé à l’État. La souscription paroissiale s’éleva à 11.535 fr. Parmi les principaux donateurs, on trouve les familles Libert, Dutilleul, Decalonne, Gentil, Rouzé, Bouchery, Delcroix, Coupain, Descamps, Riquier, Dupont, Chantraine, Coppenolle, etc. M. Clotaire Duquennoy, maire de Chéreng, M. Le Hardy du Marais, M. de Guesmy de Lille, Mme Plancq Mouque de Chéreng, M. l’abbé Mulliez, vicaire à Cysoing, qui trépassa curé d’Armentières Saint-Roch, en 1916 etc., etc...

L’autorisation préfectorale pour la reconstruction de l’édifice fut donnée le 9 mai 1881. L’adjudication des travaux qui coûtèrent 23.733 fr. 16 fut faite le 2 juin au profit d’Henri Thisse, entrepreneur à Bouvines.

Le 8 janvier 1883, l’édifice fut mis à la disposition du curé. Il est de style roman, ses lignes sont harmonieuses. Les vitraux, de bon goût, sont un travail de la Maison Bazin, du Mesnil Saint-Firmin (Oise) ; ils furent donnés par M. Alfred Libert, maire (1882), les familles Dutilleul-Desmarescaux (1882), Sauvaige-Gentil (1881), Cabillaud (1886). Mlle Rosine Libert, à elle seule, offrit les vitraux de la nef et du transept.

Le pavement est en marbre noir de Basècles.

La voûte, primitivement conçue en bois apparent, fut exécutée en plafonnage (changement qui fut cause de maintes difficultés).

Le clocher de l’ancienne église fut conservé, mais sa flèche fut renouvelée.

L’acte attestant la bénédiction de la première pierre fut scellé au chevet du chœur. En voici la traduction :

 

« Paroisse de Gruson, diocèse de Cambrai. En l’an de grâce 1881.

« Aujourd’hui 7° jour d’août, le glorieux Pape Léon XIII heureusement régnant, R.R. D.D. Alfred Duquesnay, archevêque de Cambrai. R. D. Ludger Honorez, curé de cette paroisse, M. Alfred Libert magistrat civil, M. Paul Destombe, architecte, est bénite et posée cette première pierre de l’église paroissiale de Gruson, en l’honneur du Dieu Tout-puissant et de la Bienheureuse Mère de Dieu, sous le titre de N.-D. de la Visitation, par R. D. J. R. Destombes, curé doyen de Lannoy ».

Suivent les signatures.

Intérieur de l'église de Gruson en 1936

Mgr Monnier, évêque de Lydda, auxiliaire de Cambrai, vint consacrer le nouvel édifice et l’autel principal le 26 août 1888.

Des reliques de saint Piat, martyr, et de sainte Perpétue, martyre, sont déposées dans le sépulcre de cet autel. M. Dervaux était alors curé de Gruson. Une pierre qui se trouve sur la façade extérieure de la tour rappelle cet événement.

Le 23 mars 1883 — Vendredi Saint — notre pieux et infatigable curé fit ériger dans l’église, dont il était fier à juste titre, un Chemin de Croix digne d’elle, avec l’autorisation archiépiscopale.

Avant qu’il eût terminé le règlement des comptes de la reconstruction de l’église, le bon abbé Honorez fut nommé à la cure de Sebourg — nous étions en 1884.

Voici en quels termes, après la visite de Mgr Alfred Duquesnay, archevêque de Cambrai, il raconte ce changement.

Nous aimons à citer tout au long ce document qui donne sur l’état de la paroisse à cette époque, des détails historiques vraiment intéressants et nous savons que les anciens y reconnaîtront avec bonheur la parole de leur pasteur toujours si vénéré.

« Lorsque Sa Grandeur fut rentrée au presbytère, Elle m’appela en particulier et me fit connaître ma nomination à la cure de Sebourg : quelles que fussent mes instances pour rester dans ma bien aimée paroisse de Gruson, Monseigneur maintint la nomination. M. le Vicaire Général demanda alors à Sa Grandeur, s’il n’y avait pas lieu de me prescrire l’insertion à la suite de son procès-verbal de visite, de l’allocution que j’avais faite à l’entrée du chœur de l’église, pour servir plus tard à l’histoire de la paroisse de Gruson ». — (Cette visite de Monseigneur eut lieu le 14 mars 1884 et nous sommes en 1936, c’est-à-dire qu’il a fallu attendre 52 ans pour que le désir de M. Honorez fût réalisé.)

« Monseigneur ayant approuvé, me donna l’ordre auquel je me soumets. (Mgr Duquesnay, archevêque de Cambrai.) »

Monseigneur,

C’est véritablement de nos cœurs que montent à nos lèvres ces paroles de la sainte liturgie : Béni soit le Seigneur Dieu d’Israël, qui vient visiter son peuple et lui apporter le salut.

A l’annonce que dans la personne de notre Pontife, Jésus passe, tous se sont levés : rayonnant d’allégresse et pieusement avides, tous sont accourus pour entendre les paroles vénérables et les bénédictions puissantes.

Elle passe si rarement pour nous la grâce de ce grand jour ; plus de trente années cette paroisse l’a attendue. Aussi, Monseigneur, elle veut en profiter et s’y est préparée. Votre Grandeur n’attendait pas moins de sa piété.

Vous savez que le devoir pascal y est presque unanimement accompli, que l’Adoration du Très-Saint Sacrement y est en grand honneur.

Un tiers des adultes est enrôlé dans l’Association du Rosaire vivant, et saluent chaque jour de leurs « Ave Maria » notre clémente Patronne.

Aucune famille qui ne compte un ou plusieurs membres associés aux oeuvres de la Propagation de la Foi ou de la Sainte Enfance ; celle de Saint François de Sales y compte aussi des adhérents. Ils comprennent l’importance des grandes oeuvres catholiques et y subviennent largement.

Quelques fervents Tertiaires de Saint-François d’Assise aspirent y former une fraternité.

Une dizaine de chantres volontaires, à tous les offices de paroisse, et quelques jeunes personnes dans les saluts, font éclater la louange divine : les fidèles s’unissent faiblement à eux et s’acheminent avec lenteur, et peut-être avec sûreté, vers l’accomplissement des prescriptions de Votre Grandeur. D’autre part, nous avons le malheur d’avoir une école mixte, et nous ne pouvons guère espérer que cette situation s’améliore, car la population est en décroissance continue et ne compte pas en réalité plus de 360 âmes.

Mats une des grâces que j’attends de votre visite pastorale, Monseigneur, c’est comme une résurrection de la Confrérie du Très-Saint Sacrement. Comment ne pas l’espérer des encouragements et des prières de l’illustre Président du Congrès eucharistique de Liège, du pieux prélat qui trouve ses délices en de longs entretiens avec l’hôte divin du Tabernacle ?

Cette grâce serait la source de tant d’autres ! Ne réunirait-elle pas des cœurs divisés ? N’apporterait-elle pas remède à l’abus de ces veilles prolongées en des excès préjudiciables aux plus chers intérêts ? — Ne sanctifierait-elle pas, au milieu des travaux des champs, ces conversations qui trop souvent offensent Dieu, le Dieu de pureté, et préparent les déshonneurs ? N’augmenterait-elle pas, et ne perfectionnerait-elle pas encore les communions qui vont s’accroissant sans doute, mais qui n’atteignent pas ce que désire le Divin Maître ?

Cette heureuse restauration est aussi rendue opportune par la reconstruction de notre église, pour laquelle, je suis heureux d’en rendre devant Votre Grandeur, un hommage très mérité, M. le Maire et le Conseil municipal ont déployé un dévouement, et tous les paroissiens une générosité digne d’éloges.

Ici se place naturellement, Monseigneur, l’expression de notre reconnaissance pour l’autorisation que vous vous avez bénignement accordée de demander à Monseigneur votre Auxiliaire de la consacrer.

Cette gloire de voir consacrée notre église paroissiale nous consolera d’avoir vu tomber les murs de l’ancienne, murs délabrés, mais qui avaient été témoins de l’héroïque foi de nos ancêtres. (La consécration de l’église n’eut lieu qu’en 1888.)

Un historien rapporte que, à l’époque tourmentée des guerres de religion, il y a trois siècles, des bandes de huguenots faisaient de fréquentes incursions dans cette paroisse de Gruson, s’efforçant par tous moyens d’arracher ses habitants au catholicisme, mais vains étaient tous leurs efforts. Le curé était un saint et son action les paralysait. Ils le massacrèrent. (Ce curé dont parle M. Honorez était l’abbé Jean Renard mis à mort en 1576, comme il est mentionné plus haut). Mais le bon Pasteur, du haut du Ciel, protégea ses paroissiens, qui, restés fidèles, ne se laissèrent point entamer par l’hérésie.

Fasse Dieu que cette paroisse ne renie jamais son glorieux passé ! Que toujours elle se souvienne que ce qu’on voulait lui ravir, c’était la dévotion à la sainte Eucharistie, et la dévotion à la très sainte Vierge Marie sa Patronne. Qu’une nouvelle floraison de piété s’y développe, et que la visite pastorale de son archevêque en soit le signal !

14 mars 1884.  L. Honorez, curé de Gruson, curé nommé de Sebourg.

 

En 1891, l’abbé Honorez fut de nouveau appelé à Gruson. Il fit construire le presbytère. Et, âgé de 63 ans, il s’éteignit, vénéré de toute la population, le 24 août 1903. Sur le monument érigé au cimetière « avec les souscriptions de tous les habitants » se lit l’éloge suivant : « Par sa sagesse, ses vertus, ses bienfaits, par la construction de l’église et du presbytère, il mérita excellemment de toute la paroisse reconnaissante. »

Retour à l'index des archives Haut de la page
Retour à la table des matières Chapitre 1 suite