La Seigneurie de Gruson
[Th. Leuridan. (Statistique féoda1e), Saint Genois, Van der Haer, Comte du Chastel.]
|
||
Dans la suite des temps, sans que l’on sache trop comment, la terre de Gruson serait entrée dans le domaine particulier des Comtes de Flandre, puis par eux inféodée. La Seigneurie de Gruson était un fief vicomtier tenu de la Seigneurie de Templeuve-en-Dossemer, à 10 l. de relief, elle comprenait un manoir avec 22 bonniers 724 verges de terres, deux viviers contenant ensemble 33 cents et des rentes : « Tous les hôtes du lieu qui avaient pourceaux, au jour de saint Rémy, devaient pour chaque bête, le droit de pennage d’une obole, qu’ils étaient tenus d’apporter au seigneur ou à son bailli ». Un Nicolas de Gruison est caution de Gérard de Brebiron en 1221, pour un muid de blé et un muid d’avoine à prendre sur la dîme de Landas en faveur du doyen de Tournai. Il semblerait que la Seigneurie de Gruson et la Seigneurie de Landas (fief sis à Gruson) étaient confondues à l’époque. De même, en 1252, un Alard de Landas est qualifié seigneur de Gruson dans un titre de Marchiennes. A sa mort, la terre de Gruson retourne au Comte de Flandres Guy de Dampierre, qui la donna le 27 décembre 1288 à Guillaume de Mortagne, en accroissement du fief du Bois de Glançon. Le comte promettait de le garantir contre tous ceux qui le troubleraient dans sa possession et mandait aux hommes de Gruson de lui faire hommage. Jean de Lille est seigneur de Gruisons en 1299. Puis en 1351, c’est Mahaut de Lille, demoiselle de Gruisons, qui fait certaines donations à Jean de Lille, son neveu, par un testament passé à Tournai, le 14 octobre 1348. Le fief de Gruson, tenu de Templeuve-en-Dossemer, lui venait de sa mère, qui l’avait acquis de Watier Le Jovene. Jean de Boubech, chevalier, est qualifié seigneur de Gruison en 1410. Robert de Boubech, seigneur de Chépy et de Gruison, meurt en 1421.
|
||
Bauduin d’Oignies, chevalier, seigneur d’Estrées et de Gruson était conseiller, chambellan et maître d’hôtel du Duc Philippe le Bon en 1437, puis il devint gouverneur de Lille, Douai et Orchies. Cet illustre personnage est décédé à Lille le 12 juin 1459 et il fut inhumé en l’église Saint-Étienne, à Lille. Il avait épousé en secondes noces Isabeau de Halluin, dame de Beaurepaire-en-Hainaut qui lui donna un fils qui suit, et une fille qui épousa Hugues de Montmorency. Charles d’Oignies, seigneur de Gruson, d’Estrées, de Beaurepaire épousa Jacqueline de Rubempré qui lui donna plusieurs enfants dont : Jacques d’Oignies, chevalier, seigneur de Gruson, d’Estrées, gouverneur, bailli et capitaine d’Aire ; époux d’Anne de Prant de Blaesvelt, mourut en 1526. De son épouse il avait eu trois filles et un fils. Claude d’Oignies, chevalier, seigneur d’Estrée et de Gruson, héritier de son père Jacques ; eut de son épouse Jacqueline Mallet, dame d’Anstaing, dix enfants dont le huitième hérita la seigneurie de Gruson. Eustache d’Oignies, seigneur de Gruson et d’Anstaing, devint général d’infanterie, gouverneur d’Ostende, puis d’Hesdin. « Il eut un fils qui mourut en bas âge et deux filles, par l’aînée desquelles les seigneuries de Gruson et d’Anstaing passèrent dans la Maison de Fiennes », écrit Th. Leuridan. Malgré l’assertion du savant archiviste, écrivons
que nous trouvons pourtant dans les « généalogies
lilloises » Maximilien Turpin, seigneur de Gruson et de
Pérenchicourt, baptisé à Lille en la paroisse Saint-Étienne, le 22
janvier 1634, avocat, puis conseiller à la Gouvernance de Lille,
bourgeois de cette ville par relief du 24 juillet 1663, mort paroisse
Saint-Maurice, à Lille, le 29 janvier 1704, marié dans cette
église : Il fut reçu en 1670 comme chevalier servant des Ordres royaux et militaires de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem. Voici un extrait des lettres de chevalerie daté du 27 avril 1670, se rapportant à Me Maximilien Turpin, conseiller, contrôleur du Domaine de la Châtellenie de Lille, cour et halle de Phalempin, en Flandres : « Et en la dite qualité de Procureur général luy donnons pouvoir de s’informer des détenteurs des biens dédiez à Dieu et à Nostre-Dame de Mont Carmel, Saint Lazare, Sainte Magdeleine et à Sainte Marthe ; se faire mettre en possession d’iceux, en exécution des arrestz et lettres de jussion de Sa Majesté, soustenir et intenter tous procez, visiter les maladeries, ouyr les comptes des officiers, les préposer et supprimer pour le plus grand bien desditz ordres, ouyr les plaintes des ladres, tenir consultations des médecins sur leurs maladies, les faire visiter, et ne les trouvant entachez de la lèpre les faire sortir des maladeries, contenir les ladres dans leurs maladeries, les faire resserrer de plusieurs maladeries en une, afin d’éviter aux fraiz des officiers, visiter les batimens, les faire réparer et réédifier et principalement les églises et chapelles, prendre soin qu’elles soient pourvues de vases et d’ornemens nécessaires aux offices divins, informer de la vie des chevaliers, frères servans et chapelains, et à ceux des ladres, et généralement faire et gérer tout ce qu’à procureur général desditz ordres appartient, bien que les cas requissent mandement plus spécial que nous tenons icy pour exprimez, mesme de recevoir deniers consignez en justice et d’en donner descharge ou autrement, dérogeant à toute spécialité de droit et aux dérogatoires des dérogatoires.... Signé : Nerestaing. « Lesdites lettres escrites en parchemin et scellees du grand sceau de cire rouge dudit grand maistre, pendant à lez de soye rouge et violette »[1]. [1] A. D. N. B. 1672. |
||
Voyons donc la Maison de Fiennes. Marc de Fiennes, vicomte de Fruges, seigneur d’Esquerdes et de Lumbres, épousa Madeleine d’Oignies.
|
||
Le marquis de Fiennes portait d’argent au lion de sable. Maximilien de Fiennes, second fils des précédents, comte de Lumbres, maréchal de camp des armées du Boy, seigneur de Gruson, Anstaing, la Hamayde obtint eu 1698 l’érection de ses terres sur Gruson, Anstaing et Chéreng en marquisat. Il mourut en juillet 1714. La Hamayde à Chéreng ne comprenait qu’une faible partie du territoire à l’ouest de la paroisse, le long de la Marque, au sud de « l’Empire ».
Maximilien-Francois de Fiennes, l’aîné des quatre enfants du précédent, hérita des titres paternels, fut lieutenant général des armées du Roy ; il mourut à Paris le 26 avril 1716. Il avait épousé Charlotte d’Estampes, petite-fille du Maréchal de France de ce nom. Leur fils unique, Charles-Maximilien Marquis de Fiennes, comte de Lumbres, seigneur de Gruson, etc., vendit en 1727 Gruson, Anstaing et la Hamayde à Michel Le Maistre, écuyer, négociant à Lille. |