Anstaing saint Laurent

église St Laurent d'Anstaing

La Paroisse de l’Emmanuel avec saint Laurent et le pèlerinage d’Anstaing

Saint Laurent

1 - Laurent, victime de la persécution de 258.

Dessin de Monique Detournay

L’empereur Valérien, qui avait au début de son règne paru favorable aux chrétiens, publie en 257, dans un contexte de graves difficultés financières et militaires pour l’Empire, une première série de mesures dirigées contre eux : les évêques, les prêtres, les diacres sont convoqués devant les tribunaux et doivent sacrifier sous peine d’exil ; les réunions cultuelles sont interdites.

Un an plus tard, en août 258, ces mesures sont aggravées : les évêques, prêtres et diacres qui persistent dans leur refus de sacrifier doivent être immédiatement mis à mort, et les laïcs qui les imitent voient leurs biens confisqués et sont envoyés aux fers.

Dès le mois d’août, l’évêque de Rome, Sixte, périt avec quatre de ses diacres, comme le relate l’évêque de Carthage Cyprien, qui devait lui même mourir dans la persécution quelques mois plus tard[1].

Laurent, mort martyr et enterré le 10 août de la même année dans un cimetière de la Via Tiburtina à Rome, est tombé victime de cette même persécution, et son souvenir ne s’est jamais perdu : l’anniversaire de sa déposition est inscrit dans le calendrier le plus ancien des fêtes chrétiennes à Rome et, dès l’établissement de la Paix de l’Église sous le règne de Constantin (313-326), une basilique est construite au dessus de sa tombe, signe de l’importance du martyr pour la communauté chrétienne[2].
Un peu plus d’un siècle après sa mort, des textes vénérables rapportent la passion du diacre de Sixte.

2 - Laurent, diacre modèle

Statue de Laurent (église)

Saint Ambroise, évêque de Milan de 374 à 397, est le premier à avoir écrit sur Laurent. Il le fait pour célébrer la fête du saint, populaire dans toute l’Italie, ou pour le donner en modèle au clergé puisque Laurent est diacre[3].

Ambroise, qui parle en pasteur et non en historien, insiste sur sa fidélité à son évêque, qu’il est prêt à suivre jusqu’au bout dans le témoignage, sur son souci des pauvres, sur son courage devant la mort.

Quelles variations a-t-il apporté aux traditions – peut-être déjà écrites – qu’il utilise ? Nous l’ignorons, et ce n’est pas le poète Prudence, qui reprend en 401-403 le récit de la mort de Laurent dans un vaste cycle en l’honneur des martyrs[4], ni le texte composite de la Passion de Polychrone, sorte de Best of des passions occidentales, qui connaît un grand succès aux Ve et VIe siècles, qui peuvent nourrir le dossier historique[5].

3 - Le culte de Laurent

Statue de Laurent (chapelle)

Tel qu’il est rapporté par Ambroise, le récit de la mort de Laurent est à la fois plein d’erreurs historiques et fidèle au respect et à l’amitié que les chrétiens de l’Antiquité vouaient au martyr romain. Le voici en quelques mots :

Rencontrant Sixte qu’on mène à la mort, Laurent pleure de ne pouvoir suivre son évêque, qui lui promet qu’il le rejoindra bientôt.

Sommé de livrer les trésors de l’Église de Rome, en particulier les Livres Saints, Laurent rassemble les pauvres, et les présente au magistrat comme « le vrai trésor dans lequel est le Christ, dans lequel est la foi » (c’est pour avoir protégé les Livres Saints qu’il est le patron des libraires et des bibliothécaires).

Condamné à être brûlé sur un gril ardent, il s’adresse en mourant au bourreau et lui dit : « c’est rôti, retourne et mange ».(C’est à cause de ce dernier épisode qu’il est le patron des pompiers, des rôtisseurs et des charbonniers, et réputé guérir des brûlures et protéger des incendies.)

Laurent est pendant l’Antiquité et le Moyen-Âge un des saints les plus populaires à Rome.
Sa fête est seconde seulement après celle de Pierre et Paul. Le pape Damase (366-384) lui dédie l’église qu’il construit dans une maison de famille
(S. Lorenzo in Damaso).

La basilique de la via Tiburtina est reconstruite de manière splendide par le pape Pélage II (579-590), et au moins quatre autres églises lui sont dédiées dès l’Antiquité.

Avec Pierre et Paul, Laurent contribue à faire de Rome une sorte de capitale de la sainteté, comme le célèbre au Ve siècle le pape Léon :

« Réjouissons-nous donc, bien-aimés, d’une joie spirituelle et de la très heureuse fin de cet homme illustre, glorifions-nous dans le Seigneur qui, admirable en ses saints, a mis pour nous un secours en même temps qu’un exemple : il a manifesté sa gloire à travers l’univers entier, en sorte que, du lever du soleil à son couchant, brille la lumière de ses lévites, et que Rome devienne aussi célèbre, grâce à Laurent, que Jérusalem avait été glorifiée par Étienne »[6].

[1] St Cyprien, Ep. LXXX (Ed. Bayard, II, 320-321).

[2] Depositio Martyrum du Chronographe de 354.

[3] Ambroise, Des Devoirs, I, 205-206 ; Lettre 37 à Simplicius, Hymne Appostolum supparem, PL 17, col. 1216-1217.

[4] Peristephanon, II.

[5] Passio Polychronii, BHL 4753-4764.

[6] St Léon, Sermon 72, 4.

Ce récit est de Claire SOTINEL

 

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